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lundi 24 janvier 2022

Auteur : Cheikh Tidiane Ndiaye

Son oeuvre
(Cliquer sur l'image de couverture pour ouvrir sa page de vente et présentation)

Quatre questions-clef pour mieux cerner le recueil de poèmes « Hordes Noires, Ordre Blanc »
et son auteur

Qu'est-ce que vous pouvez nous dire au sujet de vos origines et de vos premiers contacts avec la littérature ?

Je suis né le 20 août 1971 à Dakar et j’ai grandi à Pikine, dans la banlieue dakaroise au sein d’une fratrie de cinq frères et sœurs dont j’étais le benjamin.

L’ambiance familiale était caractérisée par une domination sans concession de l’oralité sur l’écriture. C’est là peut-être une explication raisonnable de cette approche dualiste de l’écriture qui est la mienne consistant à penser en wolof et à écrire en français.

En tout état de cause, j’ai tiré sans aucun doute de ce climat où l’art était essentiellement oral car intimement lié au travail, lui-même, synonyme de bataille à livrer, d’efforts constants à produire pour sa survie et celle de sa communauté, les éléments affectifs à la base de ma poésie.

C’est une façon de dire que je dois à mes parents qui avaient déjà accumulé une connaissance étymologique de la culture et de la langue wolof qu’ils n’hésitaient pas à me transmettre et à me faire aimer pour sa richesse poétique et ses subtilités de sens ainsi que de sa philosophie constituée pour l’essentiel de proverbes.

C’est l’une des sources de prédilection de mon inspiration.

Le mélange des formations en milieu familial et en milieu scolaire n’était pas aussi facile que d’aucuns pourraient être tentés de le penser car il existait, d’une part, l’école avec son code strict et sa didactique intra muros exercée par des enseignants consciencieux et à la vocation solide qui s’efforçaient au quotidien de nous pousser à nous exprimer correctement dans la langue française et d’autre part, le cercle familial où ma langue maternelle, le wolof, était usitée à l’exclusion de toutes les autres et dans un cadre plus libéral.

Le stratagème que j’avais trouvé pour éviter autant que faire se pouvait d’arborer « le bonnet d’âne » à l’issue de l’exercice de langage « français exclusif en classe » dénommé « SYMBOLE » à l’école primaire, c’était de nouer un dialogue intérieur de substitution, un mariage d’abord de raison puis d’amour avec les bandes dessinées et les romans parallèlement à l’imprégnation dans le climat naturel d’oralité qui régnait au sein de ma famille ; c’était un exercice d’équilibrisme assez délicat.

Pour y parvenir, j’avais eu la chance d’accéder à la collection de bandes dessinées de mon beau frère que nous avions baptisées « aventures » et qui avaient pour la plupart du temps, pour décor le Far West ou l’Amérique des origines avec en toile de fond les guerres de défense des indiens contre l’appétit insatiable de terres des pionniers blancs, l’épopée des « rangers » de renommée tels que Tex WILLER, son ami de toujours Kit CARSON, « NEVADA », ou encore « BLEK LE ROC », ce patriote indépendantiste, trappeur de profession, doté d’une force herculéenne, héros de la guerre d’indépendance américaine et qui ridiculisait l’armée anglaise.

Il passait également à la trappe de ma boulimie de découverte de mondes nouveaux, une multitude de types d’écrits tels que les polars d’Agatha CHRISTIE, NINI d’Abdoulaye SADJI, « ô Pays mon beau Peuple » d’Ousmane SEMBENE etc.

Mais assurément, le roman qui m’a le plus marqué est une traduction française de KONSALIK, un auteur allemand traduit en français et qui mettait en scène une rescapée d’un krach d’avion en pleine Amazonie, sauvée grâce à l’intervention diligente d’une tribu indienne qui l’adoptèrent et en firent leur divinité. A ce moment là, j’avais tout au plus treize ans. Son titre était : « UNE DEESSE NE PLEURE PAS ».

La poésie est venue un peu plus tard se greffer à mes centres d’intérêt grâce aux séances de « récitation », exercices du cours de français en collège au sujet desquels mes notes étaient très rarement en deçà de 19/20.

Tel qu’un acteur qui se préparait à l’audition déterminante pour la suite de sa carrière, je me malmenais dans ma chambre fermée à double tour pour m’écouter déclamer des vers de SENGHOR, de Birago DIOP, de Jean DE LA FONTAINE entre autres poètes.

Les restitution orale de ces poèmes appris par cœur, étaient d’intenses moments de diction, de théatralisation. Toutes les poésies y avaient droit de cité, des classiques de l’ancienne métropole aux trois grands de la négritude.

En dehors des heures de cours, quand je n’étais pas dans des activités ludiques, j’avais l’habitude de rejoindre mon père dans une chambre située en retrait par rapport aux autres pièces de la demeure et qui lui servait de « bureau ».

De culture arabophone, il était souvent assis en tailleur, une tablette de bois posée sur les genoux, la plume (un roseau taillé) au bout de la main allant avec la régularité du métronome entre un petit cube rempli d’encre noire sur le papier blanc où apparaissaient des arabesques d’une beauté fascinante au fur et à mesure que le temps passait. Je me demandais et je me demande encore comment un homme de cet âge parvenait à garder immuablement pendant des heures cette position qui me paraissait inconfortable et à me parler tout en dessinant ces figures et droites aussi impeccables que celles tracées avec la règle.

Est-ce qu'il serait injuste de dire que c'est l'école française qui vous a donné les outil de l'écriture mais que votre milieu familial a constitué votre source d'inspiration principale ?

Dans une certaine mesure, je dirai oui en précisant toutefois que mon entourage immédiat, « mon royaume d’enfance » pour emprunter un mot cher à l’auteur inoubliable de « Femme noire », est une source d’inspiration parmi plusieurs.

En diverses occasions, les unes plus cocasses que les autres, je reçois la visite capricieuse de la muse.

Au départ, c’est souvent de l’herbe grasse sentant l’odeur des près célestes que je rumine pour en faire un bol alimentaire propre à la consommation humaine.

Comme une génisse tranquillement assise dans son étable, je prends tout le temps nécessaire pour digérer.

J’ai toujours eu la tendance inconsciente de faire un parallélisme entre la société française de Louis XIV, les régimes politiques européens du siècle des Lumières avec les sociétés, systèmes politiques africains actuels et je trouve que les tares et travers dénoncés pendant ces époques par des auteurs comme MOLIERE, Jean DE LA FONTAINE, VOLTAIRE, sont malheureusement d’une grande actualité dans nos sociétés africaines.

C’est ma manière de vous dire que mon inspiration qui a pris son envol à partir de ma culture natale, s’est déployée vers tous les horizons au gré de mes expériences diverses, de ma maturité.

En réalité, je suis un écrivain universaliste car rien de ce qui touche la comédie et le drame humains ne m’est étranger.

Mais nécessairement quand il s’agit d’écrire de la poésie, j’ai une approche tout à fait particulière étant donné que je traite de thèmes universels.

Je m’agrippe à l’idée que ce n’est pas la langue utilisée qui donne son âme à un poème mais plutôt l’orchestration des mots sur la base d’une syntaxe plurielle qui n’est d’ailleurs jamais d’une neutralité absolue quand on l’analyse du point de vue du choix d’un mot à la place d’un autre, de l’assignation à résidence que le poète est parfois obligé à appliquer à certains termes centrifuges, la mort dans l’âme.

A l’instar du droit de véto mis à la disposition des cinq puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale pour leur assurer une large marge de manœuvre dans leurs activités au nom du « maintien de la paix mondiale», la licence poétique est pour les orfèvres du vers, une garantie pour l’exercice de leur droit de vie ou de mort qu’ils exercent sur les mots, ces serfs spécifiques pour la plupart du temps enclins à la liberté.

Avec l’imbroglio des différentes expériences qu’il m’a été donné de vivre, ma religion est maintenant faite qu’un poème, pour être aimé et compris des africains, doit non seulement être concocté dans un élan plus ou moins cartésien mais encore se faire « sentir » c'est-à-dire être récité pour permettre aux fibres sensibles de notre être de s’en imprégner de façon physique et orgasmique.

A cet égard, je ne sais combien de poèmes je n’ai pas hésité une seconde à déchirer et qui étaient de l’avis de proches amis, bien écrits mais qui ne disaient rien à mon « âme » une fois que je les lisais seul et à haute voix.

Ce sont principalement deux faits qui m’ont poussé à arriver à cette conclusion : D’abord, ma mère qui n’a été ni à l’école française ni à l’école arabophone mais qui avait un solide bon sens et une compréhension empirique presque infaillible des choses psychologiques et des êtres. En tout cas, une chose est sûre, elle retenait et ce pendant des années les chiffres relatifs aux affaires de son commerce et les déroulait à l’occasion oralement comme si elle avait un registre écrit sous les yeux.

Je me rappelle encore combien ses yeux brillaient de passion, combien sa voix vibrait d’électricité, combien sa gestuelle regorgeait d’éloquence quand elle me relatait dans les moindres détails, la grande famine qui avait frappé le monde rural sénégalais à l’époque de la deuxième guerre mondiale et qu’elle avait endurée dans son adolescence ainsi que les affres de la grève des cheminots de 1947 intervenue alors qu’adolescente, elle séjournait à Thiès en compagnie de ma grand-mère (morte deux ans avant ma naissance).

Jusqu’à l’âge de neuf ans et même au delà, j’ai bu comme de l’eau bénite, les contes qu’elle savait déclamer avec les « effets spéciaux » qu’il falait. Il m’arrivait de me recroqueviller dans mon lit et de me faire tout petit dans mes draps de peur d’attirer sur moi les foudres des démons justiciers qui ont frappé à mort « Coumba Am ndaye » la désinvolte, la capricieuse et qui n’ont pas hésité à balancer son cœur dans les villages entourant la mer de Ndayane.

Je ne pourrais vraiment pas vous dire à quel moment exact j’ai attrapé le virus des belles lettres, mon penchant effréné pour la littérature, à quel moment je me suis décidé à griffonner sur une feuille blanche mes idées, mes sentiments et mes ressentiments mais toutefois je suis sûr d’une chose, c’est que la littérature m’a sauvé de l’ennui inhibiteur et peut-être de la folie.

Par exemple il m’arrivait dans mon adolescence, lorsque les assauts répétés du spleen me poussaient hors de mes gonds, de m’enfermer dans un coin tranquille et de savourer par le fil de l’imaginaire, les délices d’un voyage dans des espaces insoupçonnés, plus sécurisants que ceux d’Alice au pays des merveilles et sans bourse délier, sans avoir à sortir de mon antre.

Par mon écriture qui est d’essence perfectionniste, j’essaie toujours d’atteindre un idéal alliant à la fois la beauté et le sens. Je m’efforce à rendre l’image précise, à me hisser au niveau d’une circonscription mathématique du sens, d’une circonspection stridente et expressive du son, pour chanter l’amour sans les notes de l’hypocrisie et pour dénoncer la haine sans les grognements de mes colères, pour localiser et extirper les racines du mal avec les doigts d’un chirurgien devant sa table d’opération.

Etant conscient de la tendance perfectionniste profondément ancrée en moi et de ma haine des sentiers battus dans l’expression de l’Art, dans mon processus de création je privilégie trois maitres-mots qui sont la passion, la patience et la persévérance.

Dans cette perspective, je fais appel à des ressources internes pour m’assurer du minimum de rigueur nécessaire à la recherche de la moindre nuance sémantique afin de dire exactement ce que j’ai envie de nommer.

Pour me fondre dans cette attitude propre aux sciences exactes, je puise aussi bien dans la matière philosophique que j’avais apprise au lycée en série A3, que dans les disciplines enseignées en faculté de Sciences juridiques de l’Université Cheikh Anta DIOP où le plan est le critère déterminant de notation des évaluations écrites bien avant le fond.

J’allais oublier de mentionner dans ce registre, l’apport de mon actuel métier de diplomate pour l’exercice duquel j’ai été formé au cycle B de l’Ecole Nationale d’Administration (E.N.A) et qui accorde une attention suspecte, quasi paranoïaque à la fois au contenu et à la forme d’une correspondance au moment de son initiation.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans votre oeuvre ?

Ils sont nombreux mais il y a des constantes thématiques dans ma poésie. D’abord la présence de la Femme, la Femme comprise dans sa dimension plus spirituelle que charnelle.

La femme dans mon recueil est espoir d’une seconde vie après celle passée dans cette vallée de larmes dénommée Terre, elle est patience et antidote aux envies de suicide pour tous ceux qui trouvent qu’ils n’ont plus rien à faire dans un monde que l’homme aurait perverti et rendu invivable de par son égoïsme amer et caractéristique. En un mot, la Femme ici est Femme Houri promise aux musulmans pieux et ici bas réfractaires à la perversion, a la luxure, à la débauche.

Il y a également un poème que j’ai consacré à la nécessité de préserver la terre de la pollution, de la dégradation dangereuse de la couche d’ozone à cause de la surproduction de gaz à effet de serre.

A un moment de mon écriture j’ai eu à émettre cette boutade « Ayons le sens pragmatique et souscrivons nous dès maintenant à ce suicide collectif ! ».

Par celle-ci, je voulais dire que l’Afrique ne devrait pas être le dindon de la farce universelle en acceptant d’être la poubelle désignée pour les détritus de l’humanité « civilisée », en acceptant que ses ressources halieutiques et minières soient encore pillées sans vergogne, en s’installant confortablement dans sa très faible industrialisation et dans son pourcentage anecdotique dans la création de richesses face au caporalisme technologique des pays producteurs de biens à forte valeur ajoutée, des produits finis qui proviennent souvent des manufactures très polluantes d’Etats qui trônent maintenant au haut du pavé des pays avancés.

Par exemple, le chocolat très prisé de la Belgique n’aurait pas existé s’il n’y avait pas eu le cacao de la Côte d’Ivoire.

Pourquoi ce dernier pays tarde-t-il à installer des usines de fabrication de chocolat, à transformer les fèves de cacao et à produire des capitaines d’industries capables de fournir les quantités dont le marché africain a besoin dans ce domaine ?

Une question en appelant une autre, j’ai eu dans mon recueil à m’étonner du degré de pauvreté du Niger alors que l’énergie nucléaire française dépend largement de son uranium : « Quelle masse d’uranium faudra-t-il ôter de l’appétit des chauffages d’hiver pour étancher la soif de lumière dans les rues de Zinder ? »

C’est par dépit amoureux que j’ai eu à proposer la solution du suicide collectif et de l’euthanasie pour l’Afrique. Je m’étais dit qu’il fallait y aller fort pour marquer les esprits et faire réfléchir sur l’avenir de la terre en se disant « et si l’Afrique faisait exactement comme nous ! ».

Mieux, je voudrais que nous portions cette question comme un postulat de départ pour nous fixer sur les choix opérationnels qui seront les mieux indiqués dans l’Afrique des famines meurtrières, des guerres intestines, des actes de piraterie, des pénuries, des épidémies de toutes sortes et des maladies chroniques depuis longtemps oubliées dans les autres continents. La question préliminaire de ce séminaire symbolique et historique est celle-ci : Ne faut il pas nous résigner à rejoindre le rang des pollueurs qui vivent dans l’abondance au lieu d’être confinés dans le mépris et l’indifférence générale telle qu’une armée de misérables, non pollueurs sous le commandement de chefs sans gloire, une armée incapable de victoires décisives sur la nature?

Au regard de ce qui se passe en Amérique avec les réticences graves des Etats-Unis par rapport à l’accord de Paris sur le COP21, les enragés dits « suprémacistes » en Virginie qui commettent en plein jour des crimes racistes, nous pouvons en toute logique et en toute légitimité croire en la pertinence de toutes ces questions que nous nous sommes posés dans le recueil en essayant de leur apporter des réponses sous différentes formes avec des références historiques mais surtout avec l’actualité brûlante mise en rapport avec les contraintes et les opportunités qui rythment la vie de l’Afrique, c’est-à-dire le thème central de mon œuvre souvent évoqué de manière allégorique.

Cette actualité est corrélative à la question des émigrants clandestins qui foncent tête baissée vers l’Eldorado européen dans des embarcations de fortune gonflant quotidiennement les chiffres des victimes «du génocide silencieux des océans».

Cette tragédie contemporaine qui rappelle, à bien des égards, celle que nos ancêtres ont vécue durant la traite négrière (thème d’ailleurs abordé dans le poème intitulé « LE REFLUX DES SANGLOTS »), constitue la lame de fond du poème éponyme du recueil « HORDES NOIRES ORDRE BLANC ».

J’ai pris prétexte de ces deux poèmes pour dénoncer en amont l’inefficience de nos politiques économiques et en aval le racisme toujours à la mode pour des pans entiers de la jeunesse des Etats-Unis et des pays situés sur le pourtour de la Méditerranée.

Il s’agit évidemment d’une responsabilité partagée qui n’est pas seulement gouvernementale ou systémique mais encore individuelle.

C’est pourquoi j’ai conscience d’être moralement aussi responsable du drame de nos frères qui périssent dans les océans que les plus hauts placés de nos leaders car l’Afrique est un héritage génétique et spirituel commun, un patrimoine foncier hypothéqué : En même temps que je pourrais revendiquer d’être associé à la réalisation de ses actifs et par conséquent d’en jouir par usus et par usufruit, en bon héritier je suis obligé d’endosser ses passifs.

J’ai également produit ce poème pour indexer sur le plan des relations entre Etats théoriquement d’égale souveraineté, le loup dissimulé dans les atours du droit international, le nouvel ordre mondial d’où d’ailleurs l’origine des mots «ordre blanc »contenus dans le titre de l’ouvrage.

Cet ordre est à la fois inéquitable, partial et égoïste parce qu’il ne prend en compte que les intérêts géostratégiques des superpuissances obèses de bien-être, promptes à jouer sur leurs instruments d’influence pour orienter selon leurs « intérêts vitaux», le processus décisionnel de l’Organisation des Nations Unies.

Et sans aucune intention de démagogie, je n’hésite pas à préconiser la solution miracle qui est à mon avis de surseoir à nos petites querelles de fiertés mal placées et d’intérêts personnels des élites au gouvernail de nos Etats, dans l’objectif d’emprunter résolument la seule voie qui vaille: les Etats fédérés d’Afrique.

En dehors des thèmes se rapportant au sort de l’Afrique et a la destinée exceptionnelle de certains africains, les poèmes que j’aime le plus dans mon recueil et que je prends un soin particulier à lire seul et à haute voix afin de m’en imprégner jusqu’à la substance euphorique et jusqu’au bord des larmes, ce sont ceux dans lesquels je fais allusion aux preuves de la grandeur d’âme incommensurable du prophète Mohammed, à ma mère, à notre vécu commun, à sa mort le 26 septembre 2016 lorsque le Sénégal était en train de commémorer le quinzième anniversaire du naufrage du Diola ou encore celui dans lequel où je raconte ma mort à ma fille qui a maintenant quatre ans et demi en prenant en référence celle de mon père, décédé en 2002 et que je vénérais. Ces thèmes sont généralement traités dans les poèmes qui clôturent le recueil.

Quels sont vos projets littéraires ?

J’ai trois catégories de projets : celui, à court terme, qui consiste à mettre la dernière main sur un roman de la veine de l’anticipation dont le thème principal concernera une certaine pratique du pouvoir politique en Afrique fondée sur un substrat sociologique bien profond mais qui ne rime pas toujours bien avec les servitudes de la démocratie, du respect de la nouvelle génération des droits de l’homme, de la lecture progressiste que j’ai du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de l’économie de marché.

Outre ce roman que j’ambitionne d’aborder sous un angle innovateur par rapport à ce qui se fait dans la branche susmentionnée, j’inscrirai dans la même séquence temporelle, un roman par lequel j’aborderai sous les angles psychologiques et sociologiques à travers des personnages atypiques le mal de vivre qui est en train de creuser son trou dans la bonne humeur caractéristique du peuple sénégalais en particulier et des sociétés africaines en général.

Je tenterai par la littérature de pénétrer les fondements à la source de cette inquiétude nationale qui fait que le Sénégal garde son patronyme de lion, ses apparences de griffes, ses capacités à rebondir sur les proies que lui lancent la nature à la fois adversaire et partenaire en perdant sans raison apparente sa fougue, sa puissance, ses réflexes et sa motricité face à des concurrents félins théoriquement moins dotés par la nature et plus vifs en dépit de leur grand âge, en dépit des efforts constants de certains de nos hommes d’Etat aux affaires au moment des indépendances africaines, les contingences politiques, la volonté de nos dirigeants actuels de sortir le pays du bourbier.

A moyen terme, j’envisage de produire sous la forme d’une saga, une série d’au moins quatre romans inspirés par des personnages historiques évoluant dans des contextes particuliers. Ce sera également le cas lorsque l’envie me prendra de faire une incursion dans la sphère dramatique avec la production d’une pièce historique dont la trame commence déjà à germer dans ma tête.

Concernant la saga envisagée, je prévois, si Dieu le veut bien, de sortir les deux premiers ouvrages y afférents dans cinq ans au plus tard.

Les projets à long terme (dans dix ans) porteront principalement sur la poésie et le roman classique.

En dehors de la littérature, si l’occasion se présente et si ma contribution est sollicitée, je suis prêt à m’impliquer à fond et bénévolement dans d’éventuels projets d’écriture cinématrographique ou de composition musicale.

Pour le moment ce sont les deux domaines dans lesquels j’ai vocation de m’exprimer dans ma langue maternelle, le wolof et de faire la jonction fort intéressante avec le français en exploitant les œuvres de grands écrivains français du 17 ème siècle.

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