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dimanche 28 avril 2013

Critique littéraire de "Impressions de Bretagne"

Je suis gâté ! Après Guy Rambault et Florence Houssais, c'est Bamby, auteur de "Poèmes à coeur" et de "Des cheveux de rose", qui nous offre une critique littéraire de mon dernier recueil "Impressions de Bretagne". Merci Bamby !




Impressions de Bretagne
 – Haïkus de Stellamaris 

Je ne pense pas pouvoir me tromper si j’affirme que le recueil de Stellamaris est d’abord une ode à la nature, la Nature, avant d’être celle particulière de la Bretagne.

Le poète nous révèle, souligne, par l’évocation des éléments bretons qu’il a sous les yeux, qu’il rencontre, qui touchent son âme et/ou ses sens, les vertus de la nature. Ainsi la Nature nous apparaît tantôt comme une beauté sensible vivifiante « cocktail vivifiant », comme une grande consolatrice de l’homme, et comme un modèle pour ce dernier :
Les vagues assaillent les rocs
Toujours ils résistent

L’homme partageant avec elle ses saisons, sa vivacité exacerbée dans la belle saison, sa modération parfois, et la nécessité de faire subsister des fleurs et des oiseaux « au cœur de l’hiver ».

Le poète n’exclut toutefois pas la modernité de son œuvre, ni le réalisme, et prend le parti d’inclure des éléments urbains à ses évocations poétiques (et photographiques), faisant jaillir une beauté suggestive du contraste qu’offre la nature mêlée à ces derniers éléments.
Cinq pins isolés
Entre parking et rond-point

Ainsi il parvient à nous suggérer à la fois la tristesse, le regret d’une nature peu à peu envahie, ou évanescente dans le paysage quotidien de l’homme urbain moderne, et une possible réconciliation du naturel et de l’artificiel par le sentiment de la beauté qu’offre ce choc des contraires, ou le mélange parfois fortuit de leurs éléments (la grille devant les fleurs qui suggère des « parfums évadés »).

Cette réconciliation n’étant possible que par l’œil de l’homme qui se fait poète. Le poète nous invite alors à ressentir la Bretagne, naturelle mais non dépourvue de la « main de l’homme », en conviant d’abord nos cinq sens par la Suggestion.

La vue, d’abord, est évidemment extrêmement sollicitée, non seulement par le pouvoir suggestif des mots choisis, mais aussi par le bénéfice de photographies en elles-mêmes suggestives, et pertinemment associées.

L’odorat du lecteur est lui aussi sollicité, avec souvent un effet de surprise pour ce dernier : des odeurs s’exhalent brusquement des mots : 
Odeurs de marée […]
Dégagent mon nez.

L’ouïe est aussi insérée dans le paysage que nous propose le poète, et les sensations auditives de la vie bretonne nous sont alors rendues avec une force et un réalisme surprenants, grâce au rythme et au choix des mots peu nombreux du haiku : 
Doux clapot, silence…Un cri !
Mouette qui rit.

Enfin, ni le goût (« saveur »), ni le toucher ne sont oubliés, ce dernier s’insérant là encore de manière inattendue dans le recueil, le lecteur imaginant alors l’impression tactile vécue par le poète que suggèrent les mots : « du pied je l’ai délogée ».

Ainsi le poète parvient de manière forte, vivante, parfois douce, à nous faire ressentir la Bretagne, et plus encore les vertus de la Nature et de l’environnement pour l’homme, son message d’Espoir perpétuel ; que ce soit par les « rires et cris de joie… » qui s’invitent en toile de fond, les enfants que l’on imagine jouant sur la plage, ou par l’exemplaire force-et-modération soulignée de la nature, sa continuation et son perpétuel renouvellement (« vois-tu les bourgeons ? »).

Le recueil de haïkus de Michel Chevalier est plus encore qu’une impression multiple de Bretagne (multiple par l’expérience sensible variée des sens et des sensations, des méditations poétiques) : c’est une impression de vie, à travers toutes ses saisons, une exhortation à la Vie, à l’Espoir et à la recherche de la beauté de l’Instant. L’Instant comme un parfum qui s’évade... Mais que l’on capture en lui donnant un sens, en le faisant sien, mêlant à l’impression des sens l’impression de l’esprit et du cœur ; mêlant aussi aux impressions la sagesse, et la magie de croire en l’existence de beautés non révélées : « les fées » (que nous imaginons très bien danser sous l’œil du photographe et poète qu’est Michel).

Enfin, au-delà de la simplicité, de l’humilité des poèmes, le poète se faisant d’abord homme (par la retranscription des sens et impressions brutes) pour parler à chacun, au-delà de cette première suggestion, il y a le message du Poète. Message à découvrir derrière les mots, tout au long du recueil, la « pluie » pouvant être le symbole des larmes, la « plage » notre être, assailli par les vagues de la mer, nos passions, le « soleil » la lumière divine qui nous guide (« Le soleil descend sur terre. ») et nous éblouit :
Sous ce soleil, la plage
Vas-tu t’assécher ?

Chacun disposera d’une grande liberté pour découvrir, interpréter un message qui le touche à travers les mots, le poète se faisant essentiellement et subtilement suggestif, ce que l’art du haïku permet à merveille. Et s’il ne fallait retenir qu’un seul message, pour moi ce serait celui-ci, dont la suggestion, claire et puissante, offre le miracle d’un élan de Liberté : 
Feuilles de décembre : 
Quand l’épreuve est plus sévère
La beauté explose !

Bamby

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