Merci de tout cœur à Thierry Moral pour cette critique littéraire de mon adaptation en vers français des poèmes d'Edgar Allan Poe !
Poèmes d'Edgar Allan Poe
Je connaissais Poe, le maître du fantastique et de l'horreur. Je connaissais son goût pour la poésie avec The Raven. Aussi, n'ai-je pas pu résister à l'invitation de Stellamaris qui s'est lancé dans une aventure ô combien utile et périlleuse, qui est de traduire, adapter en vers la poésie du grand artiste. Traduire, c'est trahir. Choisir, c'est renoncer. Plus qu'un travail technique, il s'agit ici un geste artistique à part entière. Il faut aimer les mots, la langue, l'univers d'un auteur, pour se lancer dans une traduction-adaptation.
Dès le début, je redécouvre avec plaisir "Le corbeau", texte qui me titillait le bout de la scène, mais je n'avais jamais osé sauter le pas. Les images lourdes du buste de Pallas notamment et quelques préciosité langagières me bloquaient. Dès le début, la patte du traducteur est scellée dans un astucieux mélange de précision, de justesse "je havais", d'audace et de franc parler "Je me dis “ Sûrement, c'est les / Fenêtres, ou bien les volets !" L'épure de la situation dans ce dialogue absurde gagne en impact. Je me l'imagine mieux, moins daté, plus présent, ce raven.
Découverte des autres textes. La diversité amoureuse, aventureuse, imaginaire est ici servie dans des plats d'argent. le travail sur le rythme, les images et l'accessibilité du texte sont vraiment intéressants. Je ne me suis pas risqué à relire les textes en anglais pour tenter de "hacker" le code de la traduction, j'ai préféré savourer la suite des poèmes épiques et profonds, ponctuée d'images sobres et parfaitement adaptées au ton global de l'oeuvre.
Dans "l'énigme", l'auteur nous dévoile le secret des lettres et des portraits qu'il contient. On hume des "cinnames" ici ou là. On tente de défricher un massif épais de "pensers" avant de se faire sonner (sonnet ?) les cloches. La structure de ce texte fonctionne comme un piège qui se referme sur le lecteur, qui se croyait - je l'avoue - témoin d'une simple errance dominicale du grand poète. le glas ne sonne jamais pour rien chez Poe. le portrait de la mère est très touchant. le val sans repos fait écho au val sans retour de Brocéliande, si on s'amuse à tirer sur le fil légendaire, désolé ma nature de conteur me rattrape toujours. La ville en mer m'a submergé par son imaginaire foisonnant. Quant au silence, il est détaillé avec force et perspicacité.
Jamais plus ? Oh que non, je relirais du Poe à foison et du Stellamaris avec joie.
Belle et bien méritée critique à l'adresse d'un poète et traducteur que j'apprécie tant (Michel/Stellamaris), de la part d'un si grand auteur qu'est Thierry Moral.
RépondreSupprimerUn grand merci pour ce commentaire qui me fait grand plaisir. Bravo à Michel d'animer cette maison d'édition avec générosité, talent et bienveillance !
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