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mercredi 26 juin 2013

Critique Littéraire de "Bretagne, mon Amour"

Annie Poirier, auteur de "À l'ancre de mon coeur", nous offre cette critique littéraire de mon recueil, "Bretagne, mon amour"

Bretagne, mon amour

En inconditionnelle des beaux romans d'amour et connaissant la qualité de la plume de Stellamaris, je fus évidemment attirée par le titre de son dernier recueil « Bretagne mon amour », ouvrage de poésies et de photographies en trois parties : « Armor », « Argoat » et « Ciels », judicieusement classés par chapitres. Cet auteur d'ordinaire si discret, se livre ici complètement à nous au fil des promenades entre poèmes et clichés nous permettant de mieux comprendre le pourquoi de ce « mariage » entre cet ancien Toulonnais de naissance et ce pays breton où la mer flirte avec la lande...

Première partie - Armor

Dans son chapitre « Océans et tempêtes », c'est face au vent du large que Stellamaris clame son bonheur :

          Le vent chante sa sérénade
          De tout son cœur, une tornade !
          M'aime-t-il tant ?
          Ses mots d'amour, il me les crie
          Tout de go, sans afféterie ;
          Qu'il est content !
          Et je suis tout ému, je tremble
          D'amour et de froid tout ensemble
          Sous son fouet,
          Adolescent, malgré mon âge :
          C'est pour bientôt, le mariage ?
          C'est mon souhait !

Tandis que dans « Sentinelles », il se fait le bon guide qui ne récite pas son texte mais fait vivre sous nos yeux éblouis comment l'homme s'est protégé et se protège encore contre les caprices de l'océan...

          Quand l'océan rugit - colère de géant -
          Les rochers tiennent bon contre sa hargne dure.
          La chapelle se dresse au bord de l'océan,
          Comme un message brut de toute enjolivure !

Avec « Îles », Stellamaris nous régale autant qu'il s'est régalé également en nous présentant les îles, dont celle de Sein qu'il surnomme « Princesse de mer » et dont je ne peux m'empêcher de vous écrire un extrait afin que vous saisissiez l'intensité de son émerveillement face à cette beauté :

          Des mers, elle est princesse, et trône sur les flots ;
          Comme elle est réservée, et timide, et discrète,
          Elle aime à nous cacher - Vois, d'ombre est sa voilette ! -
          Ses merveilleux appas, et son cœur reste clos.
          Île de Sein, m'acceptes-tu pour ton prophète ?

Qui aime la mer aime aussi les bateaux... Dans « Navires », vingt et un poèmes nous invitent à voguer entre voiliers, barques, vaisseaux ou goélettes, à travers les époques et par tous les temps. Ici se côtoient, l'humour, la tendresse, la nostalgie et quelques brins d'ironie...
       
          Un tronçon par devant, l'étrave derrière...
          Deux morceaux de navire arrivent par la mer;
          La pluie est un fouet qui cache chaque amer ;
          La voix de l'ouragan : Hurlements de sorcière!

Il me plaît de vous citer ce merveilleux poème « Cimetière marin » qui m'a particulièrement émue :

          J'aimerais tant m'éteindre en vieillesse paisible,
          Que sur ce doux chemin nous marchions entre amis
          Jusqu'à ce qu'un beau jour, doucement endormis,
          Le cri des goélands nous deviennent inaudibles ;
          
          Mais qu'à jamais bercés par le doux chant des flots
          Notre âme doucement dans l'océan retourne,
          Ne serait-ce pas là le plus beau des tombeaux ?
          Il n'est plus bel endroit pour qu'enfin je séjourne,
          J'aimerais tant finir comme ces vieux bateaux.

J'imagine plus d'un marin ayant dû faire la même prière mais sans avoir pu la réciter de si belle manière....

« Villes et châteaux » : Une autre marée dans ce nouveau chapitre nous emporte au cœur de la ville de Brest où réside l'auteur, une marée humaine qui travaille, qui creuse et bouleverse notre paisible « capitaine » :

          C'est comme une balafre au travers de ma ville ;
          Elle dévore tout, pareille au crocodile,
          Et la cité devient un univers hostile !

Faisant appel à son cygne (sa muse) il réveille les fantômes des châteaux ou d'anciennes maisons :

          Vois-tu ce castel assis au bord de l'onde :
          Repaire de corsaire arraisonnant l'anglais ?
          Revivant le passé, mon esprit vagabonde...

Deuxième partie - Argoat

Mais c'est sans « La forêt » de Huelgoat, qu'en bon conteur, notre poète retrouve le monde du « petit peuple » où sa plume excelle grâce à un don d'observation de la nature tel, que nous-même finissons par distinguer sur les photos ceux qui s'y cachent !!!

          N'as-tu point vu le roi des bois
          Qui trône, fier, au bord de l'onde
          Si féconde ?

Ou dans « La lande » des monts d'Arrée, car n'est pas breton celui qui méconnaît les légendes ! Ici nous sommes servis à la table d'un maître :

          Mais, savez-vous, la fée y vit, y danse ;
          Les korrigans y font tourner les sangs,
          Mais le poète y trouve l'espérance,
          Ô Mont d'Arrée, à jamais si puissants !

Ou bien sur celles dressées dans les champs de « Mégalithes » !
          C'est un champ de menhirs qui jouxte nos maisons,
          D'une histoire oubliée il est la sentinelle :...

Troisième partie - Ciels

« Brumes » et « Pluies » : Quand la ville de Brest se voile d'un manteau de brume ne dites-pas comme beaucoup : « ...c'est un carcan, C'est enrageant ! »

Écoutez plutôt la voix de la raison de celui qui va bien au-delà de la grisaille :

          Quelle douce fraîcheur, quand la bruine moitit
          Toute chose et que tout, en ville, ralentit
          Pour en goûter le suc... Oui, l'indolence est reine,... 

Et ce chant de la pluie, n'est-il pas merveilleux?

          L'ondée inonde mon visage
          En ce matin doux et pluvieux ;
          Elle m'apaise et me rend sage.
          
          Non, je ne suis pas à la page
          Car tous la fuient, jeunes et vieux ;
          L'ondée inonde mon visage, ... »

« Lumières d'hiver » et « Embrasements » : C'est au rythme des saisons que vibre à nouveau l'écriture du poète qui, ainsi qu'un peintre amoureux, vêt et dévêt son modèle pour en faire un sublime tableau :

          Automne de splendeur !
          Tout arbre devient flamme,
          S'illumine mon âme,
          Automne de splendeur !

Après avoir tenu en haleine le lecteur tout au long de son recueil, c'est en apothéose que Stellamaris couche ses derniers mots jusqu'au moment où :

          Le soleil s'esquive à l'abri d'un bosquet ;...

Et j'ose affirmer que, même le Grand Hugo, quand il écrivit « Océano Nox » aurait aimé avoir à ses côtés un tel poète !

Stellamaris, BRAVO !

Annie

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