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vendredi 29 mai 2020

Critique littéraire de Tout est vrai même ce que j'ai inventé

Thierry Moral nous offre une critique littéraire de Tout est vrai même ce que j'ai inventé, de Bernard Salva. Merci, Thierry, pour cette superbe critique !

Tout est vrai même ce que j'ai inventé

Difficile de transcrire les 12 coups rapides suivi des 3 annonçant le début de la représentation. Coup de théâtre littéraire ? Allez savoir... L'auteur annonce la couleur : 9 récits évoquant, racontant, décrivant, décryptant le travail théâtral. C'est très précis, documenté et surtout parfaitement crédible, parce que l'on sent très bien que le réel est passé avant la plume. Certes, certains lecteurs moins habitués des planches seront dépassés par certaines références, mais l'artiste excelle dans l'art de rendre disponible ce que l'on ignore avec des images fortes. Les comédiens en collant expérimentant l'expression corporelle. La comédienne qui refuse de faire du théâtre assis...

Au delà du théâtre - ou avant et surtout après, peu importe - il y a la vie. La vie qui est le miroir de l'acte dramatique, à moins que ce soit l'inverse. Ce jeu de reflet déstabilisant que l'artiste propose, nous invite à lire les scènes à travers le miroir déformant de l'art, la transparence du réel ou bien l'absence de tain qui efface les frontières entre le rêve et le réel. "Tout est vrai même ce que j'ai inventé" : le titre est parfaitement choisi. Que serait le théâtre sans la vie ? Ici, elle prend souvent le chemin de la séduction, de l'intime et de la relation charnelle. Elle est pour le coup très réelle, très concrète et laisse des images fortes dans la mémoire. le jeu sur la forme "à la manière de..." est très bien fait. Comment décrire une relation sensuelle à la manière de Duras ou de San Antonio ? Au de-là d'humour implicite de l'exercice de style, l'auteur nous fait la démonstration que tout est question de point de vue. Quant au faits, à chaque lecteur d'en juger.

Pour ma part je suis rentré dans chaque histoire, chaque oeuvre, chaque référence, chaque chanson, chaque citation, chaque clin oeil. Tout est vrai. L'artiste excelle dans l'art du mentir vrai ou du faux mensonge... Quoi qu'il en soit, je me suis régalé. Relire Hamlet, la Mouette, Koltès ? Pourquoi pas. Cette invitation à relire, revivre, redécouvrir, revisiter l'art dramatique à travers la littérature, pour mieux profiter de la vie. Bravo à l'artiste et merci à Stellamaris pour son engagement éditorial qui sort des sentiers battus.

Thierry Moral

Vous pouvez également retrouver cette critique littéraire sur le site de Babelio, ici

4 commentaires :

  1. Pour une personne passionnée par la pratique du théâtre autant que par son abord théorique, et saisie par le grand mystère qui lie le théâtre à la vie, ‘ Tout est vrai, même ce que j’ai inventé’ de Bernard Salva est une œuvre courageuse et profonde, originale et légère.

    Le livre de Bernard Salva s’éloigne des livres autobiographiques du genre.
    Jamais je n’avais encore vu les sentiments éprouvés par un homme de théâtre, livrés ici avec une telle franchise, un tel détail de nuances, un tel foisonnement de ramifications désirées ou subies : oui, tout ceci ne peut qu’être vrai (comme le résume le titre) !
    Et aussi que dire de cet hommage valeureux qui est rendu de façon bouleversante à un père si proche par le poids d’un exil allégé d’activités sportives partagées, puis éloigné par le rejet de l’adolescent voulant embrasser le monde.
    Pour ces raisons, ‘ Tout est vrai…’ est un livre courageux.

    Bernard Salva reconnait cependant une part d’invention. Mais il apparaît que c’est la part de création, la forme qu’il donne à l’expression littéraire de son livre qui est nouvelle.
    La vie est le tiers complice, créatif, du dialogue entre théâtre et littérature (le livre).
    la littérature nait ici sur le terreau de la vie qui ressurgit de la mémoire à la faveur d’un faisceau de pousses théâtrales.
    Rien de plus propice à l’exaltation de liaisons sentimentales et d’expériences sexuelles en évitant de tomber dans les pièges du pathos ou du porno. La pudeur sous-jacente contient le débordement des sens tout en actant le réalisme des situations.
    Le compromis est léger, détendu, souvent riche d’humour. Il permet de suivre ces aventures sans voyeurisme mais selon un intérêt esthétique et culturel croissant au fil d’une dizaine de récits. Et très vite on se passionne pour le distingué romancier.
    ‘ Tout est vrai…’ est une composition charnelle, ardente, attachante.

    A condition d’affirmer son propre désir tout en écoutant les subtilités du désir de l’autre, tout en tolérant ses caprices, la vie selon Bernard Salva est une belle aventure.
    Elle s’épanouit, se renforce et se prolonge grâce à l’exercice d’une culture nourrie non seulement de théâtre mais aussi de musique et de cinéma !

    Quand on se lance avec passion dans une carrière théâtrale on voudrait croire que le théâtre est plus fort que la vie. A la lecture de ce livre on comprend que la passion du théâtre offre une grande chance au bonheur dans une vie esthétiquement, charnellement accomplie.
    Et, animé du désir de transcendance qui anime souvent le jeune âge, voudrait-on faire de ce métier un sacerdoce ? La réponse est non ! le théâtre n’impose pas sa religion mais offre à ceux et celles qui le pratiquent des références solides, éloquentes (personnages, situations du répertoire,…) pour vivre et revivre à distance avec plus de légèreté les choix de profession, les rencontres, les émois amoureux. Bref, le théâtre donne aux choses de la vie la douce saveur renouvelée d’une madeleine.
    Et, répondant à cette frénésie ludique de la jeunesse, le livre rappelle que la vie n’est pas seulement un jeu : le théâtre s’avère essentiel, en passant, pour supporter, transcender tous les désordres, les tragédies que la vie rencontre, qu’elle provoque. Le théâtre vient polir l’âpreté de la vie.

    Le théâtre est autant un baume qu’un excitant pour une vie meilleure. L’ouvrage en livre une démonstration magistrale, unique, dans une forme moderne et attachante.
    C’est un livre qui passionnera notamment tous les garçons et filles des grandes écoles artistiques qui souhaitent faire du théâtre leur métier.

    ‘ Tout est vrai, même ce que j’ai inventé’ est un roman autobiographique de Bernard Salva alerte et pénétrant, souvent drôle et émouvant.

    Jean Piriou , le 29 juillet 2020

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  2. sagelpa49@free.fr8 janvier 2021 à 09:31

    Une belle écriture poétique,sensuelle et labyrinthique. La lecture se laisse porter par les vagues sensuelles de de la douce nostalgie du présent et l’exaltation théâtrale. Cet ouvrage se lit comme on savoure un darjeeling avec un mchekla devant le lac Louise… On se laisse porter par la verve discrète et onctueuse de l’auteur qui joue à son propre théâtre dont il est l’auteur,le metteur-en-scène,l’acteur et le spectateur.C’est l’oeuvre d’un écrivain bien plus qu’un auteur.
    Une réelle patte ,un style propre et aisé..heureux à lire.
    PA Sagel

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  3. Merci Paul-André ! Avec toute mon amitié.

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