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dimanche 22 janvier 2023

Critique de Paysages de l'âme

Erick Gauthier nous offre une critique littéraire de l'ouvrage Paysages de l'âme, par Jacques Boucher (poèmes) et Maria Mikhaylova (peintures). Merci Erick pour cette critique, et félicitations aux auteurs pour l'avoir méritée !


Paysages de l’âme
poèmes de Jacques Boucher et peintures de Maria Mikhaylova

Paysages de l’âme n’est pas qu’un recueil de textes poétiques accompagnés de peintures, il est bien davantage que des mots et des couleurs assemblés. Il est un lieu. Un lieu de rencontre entre la nature et l’être, les arbres et l’âme. Il est un lieu où l’acte de lecture respire, ouvre les yeux et écoute le dialogue entre tous les regards, toutes les couleurs des vers et tous les gestes des traits que s’échangent les mots en secret.

Les poèmes de Jacques Boucher sont un ravissement, un enchantement qui subjugue le lecteur pour mieux, à l’instar de son auteur s’offrir “à nu au soleil et au vent” et ainsi traverser “les jours/dans la quiétude et la paix” (“Le vent à nu”).

Ce recueil est un éloge à la nature, une ode à l’homme qui nous voue à chanter notre âme. Le lecteur, emporté par le lyrisme des poèmes, s’émeut du spectacle que joue la nature sous ses yeux. Les vers aux sonorités tantôt baudelairiennes (“la morose patine de nos masques…”, “Humeur matinale 1”) tantôt hugoliennes (“dès que l’aube en foulard se lève sur la plaine…”, ibid) éveillent nos sens “en embrassant le jour” (ibid). Entrer dans ces textes, c’est se lever avec l’aube qui, en silence, “nuance la lumière d’une caresse sur les feuilles” (“Humeur matinale 2”). Respirer ces textes, c’est suspendre le temps, c’est s’enivrer chaque matin. Et l’évasion se drape du rêve. Le poète rêve. Le lecteur s’immisce “sur ce chemin de songes” (“Le gardien de nuages”) et l’accompagne au rythme du monde vers des collines et des chapelles, des jardins ou des îles. Vers une montagne bleue, par des arbres au feuillage d’argent, les parfums voilent de leurs teintes fragiles les affronts à venir. La nature est fragile et ses feuilles sont mourantes (“Silva”). Les vers résonnent devant nos yeux et annoncent un destin inquiétant. Heureusement au loin murmure l’espoir “dans la lueur du jour qui émerge” (“Musique à peindre”).

Les poèmes de ce recueil respirent les mots que les gestes des peintures somptueuses de Maria Mikhaylova accompagnent en émotions nomades. Il serait vain de tenter un recensement des occurences des mots “âme”, “aube”, “arbre” tant ce lexique irrigue les envolées du poète et transparaît dans les yeux du peintre.

Cette écriture est bercée par les lumières apaisantes des couleurs et des mots, et, de l’union de deux artistes naît ce livre renversant. Cette “poésie caressante” (“Chant de l’âme”) invite au départ “sur les chemins de traverse” en “humant la brise légère chargée des parfums aimés/et des instincts réveillés” (“Au couchant”). Sous un voile d’intimité, les vers en gardiens de nos âmes se posent en délicatesse comme une ride lourde sur le visage des œuvres de l’artiste peintre. S’envolent alors les espoirs teintés de plaisir que le lecteur ressent. La plume du poète Jacques Boucher se pare des atours de la nature et dans les méandres des souvenirs revêt un lyrisme profond. L’absence de l’être aimé auréole de ses bras d’étoiles le poète dans une étreinte éternelle. Le silence est doucement gardé (“Alzheimer”) et si des portes se sont fermées avant des yeux, erre toujours comme une douce mélopée un visage.

Ce recueil est une invitation au voyage, à la méditation. Les vers cheminent, entrelacent les huiles en une symbiose lumineuse. Et respirer ce recueil, c’est sans cesse se réveiller et se demander si il est l’heure. Oui répondra le poète, “il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise” (Ch. Baudelaire) mais enivrez-vous des poèmes de Jacques Boucher.

Erick Gauthier

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