C’est la vie de Colibri
C’est la vie comme l’annoncent les premiers mots (page 2) est un livre écrit “pour rendre hommage
à la vie” qui donne à offrir “des fenêtres de respiration et de pause”. La photographie de couverture,
signée Antonio Ntourmas, prend, à la lecture du livre, une dimension et une force suggestive évidentes. Il
faut, plutôt que la décrire, la contempler. Elle fera alors sens avec les poèmes. Elle fait entrer le lecteur
dans une réflexion quasi philosophique sur soi, sur l’autre… sur la vie.
C’est la vie est tout d’abord le livre d’un regard, celui de Colibri, non pas celui d’une femme mais
celui d’une fille, d’une épouse, d’une mère, d’une grand-mère. Ce recueil que nous livrent les éditions
Stellamaris compte probablement parmi les plus touchants, qui ne laisse pas le lecteur indifférent quoi
qu’il en soit. Fruit d’une longue expérience, d’une sensibilité extrême mais aussi d’une honnêteté et d’une
passion humaine et humaniste, C’est la vie se lit comme un journal, mais un journal poétique. Car le
lyrisme des textes forme la matrice du recueil. Le lecteur déambule. Il chemine selon son souhait à travers
les poèmes comme il l’entend. Ouvrant çà ou là le livre, “au gré de sa fantaisie” (4ème de couverture), il
s’accompagne dans son voyage émouvant de vers lumineux ou douloureux.
Ce livre est un livre de sensibilité où se cotoient prose et vers libres, contes et chansons, humour et
amour, engagement et passion. Il rassemble en lui, par une qualité d’écriture, à la fois drôle et subtile,
mais aussi précise et émouvante, les thèmes qui concernent tout un chacun. Les relations humaines entre
parents, conjoints, descendants et ascendants constituent la colonne vertébrale du recueil. Et le tout
toujours sous le voile du sentiment amoureux. Les échanges de voix entre les générations, entre un père et
sa fille sont remarquablement évoqués à travers la figure tutélaire du père ou des aïeux, entre une mère et
ses enfants. Un lexique récurrent qui laisse la place à des mots comme “papa”, “bisous” ou encore aux
pronoms personnels “je, tu” accentue les émotions et sentiments de ces relations familiales. Le lecteur est
touché par ces mots. Il est au centre des poèmes. Car c’est aussi de lui dont on parle ici. Et à ces “bisous”
de rendre ces poèmes tactiles par la présence de l’être aimé. Les mots de Colibri nous sont offerts car ils
parlent de nous. Des rites de passages d’une jeune fille en femme, de la maladie, de la mort, de la douleur.
La disparition d’un être cher est relaté à travers des mots simples mais ô combien efficaces. Et toutes ces
émotions font l’intensité des textes. Leur beauté aussi, assurément.
L’auteure par sa qualité d’écriture évoque des thématiques graves empreintes d’une douleur réelle
et parfois si intense qu’une pause dans la lecture semble nécessaire. Pour mieux vivre les mots, les
moments. Pour respirer la vie et croire en elle. Comme pour se reconstruire après le deuil. Pour vivre et
vivre encore.
Puis, avec une facilité déconcertante, la poétesse nous livre des vers drôles, d’un humour évident, et
les titres de certains poèmes l’indiquent. D’autres poèmes, quant à eux, relèvent d’un engagement et se
lisent avec une charge émotionnelle ou une dimension presque patriotique. Rien de cela ne saurait être
possible sans une main humaniste, sans un coeur si éprouvé que celui de la poétesse.
C’est la vie est sans contexte un grand livre de poésie qu’il faut lire et relire, qu’il faut méditer. Il
est l’oeuvre d’une femme que l’on souhaite remercier, serrer en ses bras pour mieux pleurer nos maux et
nos espoirs. En guise de préambule (p. 2) nous lisons que “ce livre n’est pas [...] un bilan”, non,
effectivement, il n’est pas un bilan car il est bien davantage que cela, il est un aveu, voire un manifeste.
Ou simplement un recueil de vie.
Erick Gauthier
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