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vendredi 1 novembre 2019

Critique littéraire de J'habite la maison aux fenêtres fermées

Marine Rose nous offre une superbe critique littéraire de J'habite la maison aux fenêtres fermées, de Ionuţ Caragea


Laissez vos ailes déployées

Ionut Caragea a déjà obtenu un prix littéraire en France pour son recueil « Mon Amour abyssal » (traduit par Amalia Achard), et le poète roumain, pour la première fois, à écrit lui-même en français pour « J’habite la maison aux fenêtres fermées » (Éditions Stellamaris, Brest, 2019). Il m’a proposé de participer à la relecture de l’ouvrage, ce qui fut passionnant, et je dois dire que ces poèmes sont aussi mes préférés. Quelle chance de collaborer avec des auteurs contemporains aussi talentueux, par passion, par amour des mots, de l’évolution et de la beauté que ceux-ci portent et véhiculent comme des ailes sur cette terre!

La poésie de Ionut Caragea me fait penser à l’art de Sandro Botticelli, sublime malgré sa mélancolie, comme un pont entre la mort et la vie, entre l’au-delà et la larme, faisant, en même-temps, une promenade sur les falaises du rêve:

je me promène sur les falaises du rêve
sur une plage, une joue allongée sur la terre
que la mer maquille harmonieusement
de l’écume de ses flots

sur le ciel, ce nuage qui court vite
ressemble à une page blanche
sur laquelle le vent tente d’écrire
son autobiographie

je me promène sur les falaises du rêve
où tout est si beau
mais où les traces des pas
disparaissent si vite

le rideau de la nuit n’hésite pas à tomber
la mer s’endort
et dans ses profondeurs mystérieuses
plonge, opalescent, l’amour de la lune

les lampions s’allument
hâtifs de raconter aux étoiles
mon histoire et l’histoire d’une femme
que j’ai adorée ici, dans ce rêve

je n’ai nulle envie de me réveiller
dans la maison aux fenêtres fermées
où les épaves des souvenirs
jamais ne jailliront
à la surface de mes larmes
pour explorer l’infini

Il y a une porte pour l’âme à travers les mots et la contemplation, à travers les barreaux d’une cage de sang, et celle-ci s’y engouffre avec ses souvenirs, ses soupirs, ses blessures et ses rêves. Elle ne s’enfuit pas du monde car elle y revient pour déposer les graines de ses songes, et c’est en chaque lecteur que peut germer un petit arbre, des fruits ou des fleurs: 

mon âme est un oiseau voyageur
emprisonné dans une cage de sang
qui aimerait tellement
déployer ses ailes
dans le rêve sempiternel
voler telle une ombre désenclavée
démenottée de l’herbe
essayant d’attraper
le dernier train du crépuscule !

mon âme est triste
plus joyeuse la larme
qui frappe à la porte de l’oubli éternel
trop de compromis et de vices
dans ce monde
trop de vaines promesses
trop de souvenirs
qui refusent la résurrection
sur la toile immaculée de l’instant !

toi, larme
oiseau au coeur de feu
et aux ailes de cendres
tu mérites de trouver le bonheur !

mon âme attendra
viendra son temps
pour lors elle picore la lumière
et sirote la musique des astres
à travers les barreaux !"

Alors, laissez-vous aller à une petite promenade sur les falaises du rêve, ayant les ailes déployées dans le rythme de la poésie qui régénère nos âmes.

Marine Rose

1 commentaire :

  1. Magnifique critique, Marine! Félicitations à Ionut pour ce recueil que j'ai adoré!

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