Même s'il n'est paru en France que depuis quelques jours, le recueil Hordes Noires, Ordre Blanc, de Cheikh Tidiane Ndiaye, a déjà été précédemment dans son pays, le Sénégal... vous trouverez ci-joint une critique littéraire publiée à l'époque par feu Professeur Oumar SANKHARE, écrivain Sénégalais et agrégé de grammaire française
Hordes Noires, Ordre Blanc
Quand la solitude veut rencontrer la multitude, l’expression du verbe doit s’ancrer dans la profondeur du moi et s’allier aux émois pour ressortir la qualité de l’écrit qui sublimera le monde. Le verbe se permet tous les possibles quand le poète du haut de son monticule s’adjuge véritablement ce devoir de sentinelle et cette liberté qui doit être la sienne de se savoir sans limites. Car effectivement sa limite est celle qu’il se propose.
HORDES NOIRES ORDRE BLANC se montre telle une traversée tantôt calme d’un lyrisme fécond puisé dans le socle de la pureté, souvent agité de dépit et de colère d’un mépris du rejet de l’identité noire collective et des valeurs ancestrales. Il bascule dans un chant épique de paix et d’amour pour préserver l’humanité de la folie du monde et de ses souillures.
L’hommage à Senghor, à ce grand témoin de deux siècles, et par ricochet à ses amis Césaire et Birago pour faire un clin d’œil à ses précurseurs d’une conscience noire et d’un vouloir être, insuffle à travers ces lignes un devoir de mémoire. Le grand Jules François BOCANDE aura ses vers, afin que le respect de cet illustre fils du football ne s’enlise dans les décombres de l’oubli. Ce sont ces genres de leaders et personnalités que l’auteur à foison propose pour une délectation pure, en transposant un certain vécu plein de balbutiements émotionnels, de réflexions passionnées, d’attentes avouées ou tues. Mais le temps comme la mort, dont le destin est entre les mains du pointeur des cieux, obnubilent souvent des vers rimés la plupart du temps, blancs de leur pureté soumis à la balance de nos passions portées par Satan. Le peuple élu de Dieu ne pourra le contredire quand «il nous faudra cesser de chercher notre voie avec des armes de haine».
Mais ce sera véritablement un auteur qui décline une trajectoire plantée dans la fierté d’une identité semée par ces guerriers des illustres royaumes noirs et des vertus qui nourrissaient leurs actions. Cela pour refuser ces délires suicidaires de la mer, de l’exil et de l’émigration alors que nos «outres sont pleines de lait et de paix» et refuser l’utopique Eldorado «sous ces cieux où la terre n’est féconde que de feu».
Au-delà de ces parenthèses pour titiller ce recueil plein de spiritualité à grand fondement idéologique, on perçoit un auteur piqué dans une africanité profonde qu’il défend à travers la croyance en cette terre première et à ses valeurs fondamentales.
Humaniste et préoccupé du destin des hommes compromis par la faim, l’hypocrisie, la haine et, ce dieu dont on adore trop le visage qu’est l’argent, il fait de cet ouvrage un signal d’alarme fort.
Le poème éponyme du recueil est un cri de dépit, de colère et d’injonction à plus de considération pour nos terres vierges de leur amour et accueillante de vie comme un hymne à la gloire de la terre mère.Restons-y pour la travailler et la développer, sans annihiler toute cette panoplie de rites séculaires comme celui qui libère le sang de l’honneur entre autres, le courage des ancêtres sous le poids du labeur tuant, à pardonner mais jamais à oublier.
Finalement, ce texte aura servi de tremplin afin d’exprimer des souhaits, aspirations, regrets et mises en garde dans une part belle faite aux précurseurs de la pensée noire, pères des indépendances, et à toutes les personnes dont le sang n’avait de valeur que l’honneur de leur patrie sauve.
La direction poétique a suivi un tempo, dans un style non obturé par une écriture conventionnelle du genre, quoique des anaphores sporadiques se signalent. Mais ce seront des vers blancs la plupart du temps qui seront servis au lecteur et à son aise de fondre dans cette horde de poèmes engagés et engageants.
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