dimanche 18 juillet 2021

Critique littéraire de Une forêt de poèmes

 Amalia Achard nous offre une critique littéraire de Une forêt de poèmes, de Lys Chevalier. Merci de tout coeur, Amalia, et félicitations, Lys, pour l'avoir méritée ! Bises à toutes les deux !


Lys - à partir d'aujourd'hui et jusqu'au futur


Tout exploit extraordinaire d'un enfant nous arrache une exclamation admirative. On emploie le plus souvent le "Trop mignon !", sauf qu'en ce moment j'ai besoin de quelque chose de plus fort, de beaucoup plus éloquent. Que peut-on dire lorsqu'on lit un recueil de poésies d'un enfant de 13 ans ? Et quand je dis "poésie", je parle de ce virus enivrant, charmeur, accrocheur, qui contamine les vrais poètes. Dans "Une forêt de poèmes" la très jeune autrice Lys Chevalier combine l'innocence à la sagesse, la simplicité au raffiné, avec un talent péremptoire. Nul ne pourrait me faire douter de sa carrière de grande poétesse qui commence tout juste.

Parfois elle nous fascine par son imagination qui "peut prendre bien des tournures", comme elle l’affirme dans le premier poème, et par sa vision de l'imaginaire (exemple - Voyager) ; parfois son regard acéré, parfaitement accordé à la réalité, reflète les images brutales des vilaines collisions à la barbarie du monde dont son âme porte déjà (hélas !) de vilaines traces :

"Lèvres vermeilles,
Regard glacé,
La peur. " (La peur)

Lys a cette habilité de dire toute une histoire en seulement quelques mots. Chaque poème représente le concentré d'un vaste sujet dont elle extrait l'essentiel. C'est la caractéristique-même d'un poète. Remarquable également est sa maturité, la clarté et la précision dont elle fait l'analyse des faits et gestes de l'humanité qu'elle démasque avec une lucidité impressionnante.

"Des œufs en train d'éclore
Dans un pneu couvert de chlore." (Nouveau continent)

"La guerre
Cette horreur a été inventée
Par les plus idiots
De tous les animaux..." (Monstruosité)

Il m'est interdit de ne rien dire sur l'émotion que transpirent les vers de la jeune autrice. Les yeux humides j'ai lu "Maman", "L'adieu", "Feuille de pluie", "Par une après-midi de printemps", et d'autres poèmes encore. Savoir transmettre cette émotion-là est primordial lorsqu'on s'aventure dans l'écriture, mais Lys le maîtrise.

Surprenant pour son jeune âge est que des thèmes au caractère purement philosophique préoccupent son esprit : la vie, le temps, l'amour, la mort, et non seulement qu'elle se pose des questions, mais elle en a des réponses tout à fait pertinentes.

Tout compte fait, le message de Lys à travers ces poèmes est un signal d’alarme, un avertissement et une exhortation à la prise de conscience, un message de dialogue avec le cosmos - celui magique qu'on contient en nous, et celui qui nous contient, et avec notre terre qui a tant besoin d'un miracle, "Monsieur, faites attention, vous marchez sur une fourmi !", nous sensibilise-t-elle subtilement ; un message d'Amour aussi, le seul qui a la vocation de nous délester de l'absurde, de la cruauté, de l’insensé. Quel tableau du monde avons nous révélé jusqu'ici à Lys ? Écoutez ses soupirs à travers lesquels on pourrait entendre le murmure de tout un chœur d'enfants :

"Pluie qui tombe
Tonnerre qui gronde
C'est ça le monde..." (Pluie)

"Lune argentée
Seule à regarder
Un monde embrasé..." (Lune argentée)

L'autrice de ce recueil exquis n'est qu'un enfant qui a besoin de croire à un futur luminescent et peuplé de beaux contes et qui nous supplie de ne pas abîmer le sien. A-t-on le cœur de le lui refuser ? Faisons donc en sorte que l'humanité survive jusqu'au futur, pour qu'on puisse lire là-bas encore des poèmes vibrants imaginés par Lys Chevalier !

Amalia Achard

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