mardi 29 juin 2021

Critique littéraire de Livret de poésie de France

 Amalia Achard nous offre une critique littéraire du Livret de poésie de France, de Jean de Baulhoo


On n'a pas exterminé tous les patriotes

Dans "Livret de poésie de France" j'ai perçu le cri en douceur, mais suffisamment inquiet, de Jean de Baulhoo.


Muni d'un langage humble et accessible à tous, ce Français imprégné d'un passé qu'il se souvient pondéré et d'une croyance "traditionnelle", nous confie, à travers le vers, son indignation vis-à-vis d'une actualité qui met sens dessus dessous son monde, faisant tourner parfois la terre trop vite.

Ses mots respirent nostalgie et regret, crainte et révolte, et l'auteur témoigne sur la trahison et le mépris d'une clique de menteurs sans conscience envers ses concitoyens.

Le simplement vivre lucides de cette chance déjà considérable, est en danger et nous sommes, dit l'auteur, « incapables d'abandonner la matière, / de léviter de la glèbe primaire. »

Pour rendre l'âme sereine et accéder à une paix divine, nous devrions nous détacher de la chair pécheresse. Mais « Il y a très loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens, du choix des moyens à l'application. », comme l'avait constaté, il y a des siècles, Jean-François Paul de Gondi. L'humain a tendance à oublier sa condition de mortel et se prend trop souvent pour un Dieu éternel et omnipuissant, tendance à ignorer sa destinée d'être pitoyable passager en un monde qui ne lui appartient guère.

Ce n'est pas évident d'arracher les masses aux griffes du dérisoire, aux griffes des manipulateurs, ou aux mirages de tant d'illusions alléchantes, alors Jean de Baulhoo s'engage en un combat envers et contre tout « sans plus rien n'attendre d'autrui ».

Comme brave fils de son pays qu'il se doit de défendre, d'un peuple qui partage les mêmes ancêtres que lui, d'une langue qu'il a hérité et qu'il se préoccupe à perpétuer, l'auteur se veut fidèle à jamais à ce qui est français dedans et dehors lui,

« [...] français
comme le drapeau
qui dort »

car cette douce France

« c'est mon pays
comme ma famille
ma patrie. »

Il parait, et tant mieux, qu'on n'a pas encore exterminé tous les patriotes, malgré tant d'intrigues, malgré le "progrès", malgré l'ouverture - les bras aventureusement trop écartés - vers au-delà de nos frontières.

Pour défendre ce qui lui est cher, Jean de Baulhoo s'est muni d'une arme des plus inoffensives : la poésie qu'il négocie avec la Muse « "Infidèle / Et prétentieuse », une « garce intouchable »... Néanmoins, la "garce" semble avoir été de sentiments assez élevés.

Amalia Achard

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