Après Ionuţ Caragea hier, c'est aujourd'hui Jean-Paul Gavard-Perret, un autre poète reconnu, qui nous offre, sur le site lelittéraire.com une critique littéraire du Nénuphar et la Grâce, de Marine Rose. Qu'il en soit infiniment remercié !
Action de grâce
Il existe dans le second livre de Marine Rose une voluptés particulière et ce qui se nommait jadis une “action de grâce”. Le texte devient un hommage au nom de ce qui, quand vient la nuit, agite les draps des amoureux. Leur frondaison fait du ciel de leur lit un paradis sur Terre. Tout est à la fois tendre et fauve et surtout vrai. La poétesse ne triche pas.
Elle se plie à l’amoureux face auquel, dans ce chant d’amour, la poétesse rend les armes. Un vieux critique aurait presque envie de lui dire “si tu t’imagines xa va xavaça durer touours” comme Queneau. Mais il serait dans ce cas malhabile et atrabilaire à souhait. Et il a mieux à faire : saluer un tel livre. L’amour y est confiance, frémissement des ventres qui se donnent en majesté et où se cache vraie la voix désirée nue, libérant sa vérité.
Ce serait un signe de mauvaise santé poétique que de ne pas se laisser emporter par la sirène des lacs savoyards. Les phrases dessinent au cœur, allègrement, des formes sonores, des sinusoïdes parfois interrompues dans leur avancée lorsque d’autres viennent des rives de la Venise du nord pour s’y régénérer : “Je suis pour Toi canal et chanson, j’offre mon corps en maternité”.
La poétesse pratique le don d’elle-même et de ses printemps. Ils bûcheronnent le tremblement des émotions. Le tsunami de l’amour est ici sans vague mortifère, il recouvre tout de manière apaisée. Et si Eros est à chaque page il n’est en rien sauvage. Est-il maîtrisé ? Non. Mais il devient la donnée immédiate de la princesse sauvagine qui fait — une fois n’est pas coutume — de l’homme sa mise.
Marine Rose possède toute la sensualité et le souffle du sang pour entrer en littérature. D’autant que l’art d’aimer et de le dire n’est pas toujours facile. Le risque de la miévrerie n’est jamais loin. L’auteure l’évite car elle n’est pas oie blanche mais à l’inverse ne joue par de poses dévergondées. Elle dit ce qu’elle est et écrit les étapes de la longue phrase ramifiée de sentiment et de sensualité.
Tout est dit mais sans la moindre complaisance ou voyeurisme. L’émotion la plus chaude a besoin d’une belle assurance. Gageons que peu à peu, l’auteure écrira les riches heures ni de Dame Louve ou de Biche des Aravis ravis mais simplement de celle qui trouve les mots ailés pour dire les émois du corps et les troubles du coeur.
Marine Rose, Le Nénuphar et la Grâce
Il existe dans le second livre de Marine Rose une voluptés particulière et ce qui se nommait jadis une “action de grâce”. Le texte devient un hommage au nom de ce qui, quand vient la nuit, agite les draps des amoureux. Leur frondaison fait du ciel de leur lit un paradis sur Terre. Tout est à la fois tendre et fauve et surtout vrai. La poétesse ne triche pas.
Elle se plie à l’amoureux face auquel, dans ce chant d’amour, la poétesse rend les armes. Un vieux critique aurait presque envie de lui dire “si tu t’imagines xa va xavaça durer touours” comme Queneau. Mais il serait dans ce cas malhabile et atrabilaire à souhait. Et il a mieux à faire : saluer un tel livre. L’amour y est confiance, frémissement des ventres qui se donnent en majesté et où se cache vraie la voix désirée nue, libérant sa vérité.
Ce serait un signe de mauvaise santé poétique que de ne pas se laisser emporter par la sirène des lacs savoyards. Les phrases dessinent au cœur, allègrement, des formes sonores, des sinusoïdes parfois interrompues dans leur avancée lorsque d’autres viennent des rives de la Venise du nord pour s’y régénérer : “Je suis pour Toi canal et chanson, j’offre mon corps en maternité”.
La poétesse pratique le don d’elle-même et de ses printemps. Ils bûcheronnent le tremblement des émotions. Le tsunami de l’amour est ici sans vague mortifère, il recouvre tout de manière apaisée. Et si Eros est à chaque page il n’est en rien sauvage. Est-il maîtrisé ? Non. Mais il devient la donnée immédiate de la princesse sauvagine qui fait — une fois n’est pas coutume — de l’homme sa mise.
Marine Rose possède toute la sensualité et le souffle du sang pour entrer en littérature. D’autant que l’art d’aimer et de le dire n’est pas toujours facile. Le risque de la miévrerie n’est jamais loin. L’auteure l’évite car elle n’est pas oie blanche mais à l’inverse ne joue par de poses dévergondées. Elle dit ce qu’elle est et écrit les étapes de la longue phrase ramifiée de sentiment et de sensualité.
Tout est dit mais sans la moindre complaisance ou voyeurisme. L’émotion la plus chaude a besoin d’une belle assurance. Gageons que peu à peu, l’auteure écrira les riches heures ni de Dame Louve ou de Biche des Aravis ravis mais simplement de celle qui trouve les mots ailés pour dire les émois du corps et les troubles du coeur.
Jean-Paul Gavard-Perret
Merci de tout cœur pour le partage Michel, et merci à Jean-Paul pour cette superbe critique!
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