mardi 20 septembre 2016

Critique littéraire de Le coeur de ma mystique bat désormais pour toi

Thierry Moral, auteur de (Parenthèses), nous offre une critique littéraire de Le coeur de ma mystique bat désormais pour toi, de Nicolas Wallart


Le coeur de ma mystique bat désormais pour toi

Je suis le travail de Nicolas Wallart de près depuis plusieurs années. Il creuse un territoire étrange, réaliste, dérangeant, factuel, poétique, aux références culturelles et historiques multiples. Au niveau de la forme, cet ouvrage s'apparente à une synthèse de son parcours. On y retrouve les éléments qui ont marqué ses précédents livres. Il oscille entre la narration quasi sociologique, le récit historique, la poésie pointue, les dialogues qui font mouches et le régionalisme. La culture gothic batcave n'est jamais très loin. Un regard acerbe et sans concession est porté sur les travers de notre société. Le personnage "passeur" de toute cette matière littéraire protéiforme est Molly : transexuel, faisant le tapin au bois de Boulogne à Paname. Le récit débridé, fonctionnant à l'ellipse, à la digression et à l'association d'idée ; est celui d'une fuite. Une fuite de cette condition sordide dans laquelle violence, dégradation et injustice se trouvent à chaque coin de rue. Certains pensent qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Peut-être bien, peut-être pas... Qui sait vraiment ? ON se trouve au coeur de l'humain, donc forcément pétri de contradictions. Le regard sur cette âme en quête de vie, d'expérience et de liberté est, sans angélisme. L'auteur raconte la vie, la vraie. Alors Molly fait comme elle peut, jusqu'à ce qu'elle rencontre Cameron et qu'ils partent dans une sorte de road movie qui les amènent à trouver un havre de paix dans le Pas de Calais. Ce n'est pas sans un détour par une nouvelle agression, qui ne se termine pas de manière spectaculaire ou télévisuelle, simplement de façon rude et froide. Alors ils repartent à deux, même si le narrateur n'est jamais loin. Un drôle de duo à trois, où l'on se demande parfois ce qui les pousse à continuer ensemble. Quoi qu'il en soit, ils continuent. Tout le mal que l'on peut leur souhaiter c'est qu'ils trouvent ce qu'ils cherchent. Le savent ils eux-même ? Si Dieux n'existe pas, a-t-on quand même le droit d'avoir la foi ? Difficile de résumer un ouvrage multiple, versatile et radical comme celui-là. Parfois la langue virtuose nous dépasse, alors on s'accroche à la poésie (même si le dictionnaire est utile), d'autres fois encore on apprend des choses très précises sur une époque révolue, et toujours nos deux passeurs nous accompagnent dans ce bouillonnement vivant. La pensée de chaque instant ? J'aime à penser que l'auteur a trouvé un endroit, une forme, une voie qui lui est propre. Bonne route à lui dans cet univers singulier.

Thierry Moral

Cette critique est également disponible sur le site Libfly

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