Pierre-Michel Sivadier nous partage une critique littéraire de son L'Être que je suis, par Denis Billamboz. Elle est également disponible ici
L'Être que je suis
Ma première réflexion après avoir lu ce livre m’a conduit vers la littérature japonaise que j’ai fréquentée assidûment pendant une dizaine d’années. En effet, les Japonais aiment beaucoup les chats, ils occupent une large espace dans leur quotidien et les écrivains leur consacrent une jolie place dans leurs textes. Je me souviens notamment d’avoir lu : Le chat qui venait du ciel de Takashi Hiraide, Nosaka aime les chats d’Akiyuki Nosaka et Mes chats écrivent des haïkus de Minami Shinbô. J’ai retrouvé chez Pierre-Michel cette même empathie pour les chats, cette façon de les intégrer dans son quotidien même si dans ce récit c’est son chat qui raconte l’histoire.
Ce texte présenté par l’éditeur comme un récit est, pour moi, plutôt un recueil de saynètes qui, mises bout à bout, racontent l’histoire d’un chat né à Belleville, et, après avoir passé le périphérique, est revenu à Paris où il vit en colocation avec Isabelle une mezzo-soprano avec laquelle il s’entend très bien au risque de nuire à son instabilité chronique. Il se sédentarise même s’il pense souvent à son ami Jacques avec lequel il vivait en banlieue. Il raconte la vie qu’il mène avec sa colocataire, vue à hauteur de chat qui est parfois aussi haute que le dessus du placard. Mais, cette douce complicité est un jour troublée par l’arrivée d’un compagnon qu’il n’apprécie pas forcément : un chien qu’il juge un peu sot et trop complaisant avec Isabelle.
Il appelle son nouveau compagnon Aboi-Pattes et le juge inculte, contrairement à lui, il ne connait rien à la musique, au chant, à la chanson, à la littérature, lui vénère particulièrement Beckett. Malgré ces lacunes, il noue avec le chien une relation fondée sur la complicité, la rivalité, la jalousie et le respect des limites territoriales de chacun. Il préfère la compagnie des autres amis du jardin, notamment celle de Catherine, la chouette, qui est très cultivée.
Ce texte est une satire du comportement des humains souvent moins futés que les animaux qu’ils jugent comme étant leurs inférieurs même quand ils sont domestiques. C’est une petite leçon de vie en société, de comportement, de dignité, de respect et de culture que l’auteur propose à ses lecteurs. Pour nous en convaincre le chat d’Isabelle truffe son récit d’allusions aux paroles de chansons, aux dialogues de films et aux textes d’œuvres littéraires. Il cite aussi de nombreux compositeurs, instrumentistes, chanteurs et acteurs et d’autres encore…
Et comme l’écrit la postfacière, Françoise Grard, « A hauteur de chat, c’est toute une perception du monde qui se déploie, faite de sensibilité extrême et d’orgueil vulnérable, de sensualité exigeante et de sentimentalité pudique ». Moi, en bon Franc-Comtois, je ne peux qu’apprécier ce chat, il a bon goût, il adore le comté notre fromage emblématique.
Denis Billamboz
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