Julien Miavril nous partage une critique de son recueil, Les féeries profanes, par la poétesse et critique Parme Ceriset
Les féeries profanes
Pour ceux qui ont aimé « Une Saison en enfer » de Rimbaud, je conseille de lire le merveilleux recueil de Julien Miavril « Féeries profanes » paru l’année dernière aux éditions Stellamaris. J’ai déjà parlé de cet ouvrage il y a quelques mois mais aujourd’hui je vous en livre un retour plus complet. Le titre est évidemment, comme chacun l’aura probablement noté, un écho à l’expression « Féeries profanes » employée par Rimbaud dans son poème « Mauvais sang » (Une Saison en enfer). La poésie de Julien Miavril a en commun avec celle du célèbre poète maudit d’être d’une extrême intensité, elle remue, secoue, bouleverse les repères de l’ordre établi.
Rimbaud : « Le poète se rend voyant par un long, immense et raisonné derèglement de tous les sens. » (Lettre à Paul Demeny dite lettre du Voyant). Le poète Julien Miavril annonce dès le début de son recueil « Fééries profanes » être porté par une quête d’absolu qui côtoie les rivages de l’inaccessible :
« J’ai depuis longtemps cessé de chercher ce qui se trouve sans peine. »
Cette quête du Graal est menée essentiellement par l’intermédiaire de la poésie que l’auteur considère comme « un éternel feu nourricier ». Le rapport entre le poète et le verbe revêt ici un caractère sacré :
« Tisse ton poème dans la même étoffe que celle des astres…
Qu’ainsi sa chair soit seulement faite de lumière…
Et que son sang irrigue le cœur d’une nébuleuse. »
Dans son cheminement artistique, l’auteur est parfois empli d’une joie lumineuse : « Que par cette féerie profane notre joie éternellement demeure », mais il traverse aussi des phases difficiles, marquées parfois par un sentiment de révolte qui n’est pas sans rappeler Rimbaud. On lit notamment :
« J’écris en militant mystique comme d’autres descendent dans la rue ».
La douleur et la souffrance irradient des mots sublimes :
« Je me cherche parmi les ruines que le présent délaisse…
Et suis semblable à l’oiseau qui confie son chant à l’orage. »
Et pourtant la vie germe et jaillit de toutes parts :
« Ne me reste que la graine dérobée dans la céleste meule...
Ma bouche s’embrase, y germe une étoile. »
Il y a, notamment dans le poème Exode, une tentation de fuir le monde dans lequel le poète a parfois du mal à trouver sa place :
« Prends part au festin que préside le dernier des poètes
Car ta dynastie ne connaîtra de royauté que dans l’exode. »
Mais il se pose en homme libre :
« Je ne suis ni de ceux qui gouvernent ni de ceux qui se laissent gouverner.
J’aime mon prochain comme moi-même mais je suis à moi-même un étranger lointain. »
S’ensuit un voyage sublime dans un univers d’ombre et de lumière, de vie et de mort, de paix et de guerre au moins sur le plan symbolique, le tout étant un reflet magnifique de la condition humaine, de la dualité que nous portons tous au fond de nous.
En trame de fond de tout le recueil, on perçoit sous l’armure des mots une conception très idéaliste de l’amour, l’amour sous toutes ses formes, l’universel, l’éphémère, l’immortel.
En somme, un livre dont on sort remué, marqué au fer rouge mais tellement enrichi ! une pépite de braise et de lumière.
Parme Ceriset
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