Un grand merci à Marine Rose pour cette critique littéraire de Rencontres avec le petit peuple, le tout premier ouvrage publié par les Éditions Stellamaris !
« Sa chevelure est comme miel…
Est-ce donc une korrigane,
Ce jour, au pied de l’arc-en-ciel ? »
« Collines et marais que le ciel bas tutoie
Haute selve enchantée où mon âme se noie,
Que j’aime ce pays magique, plus qu’aucun ;
Car « Réel », « Irréel », là haut, ne font plus qu’un ! »
« L’on croise les korrigs, chaque soir sur la lande,
Riant, chantant, dansant en longue sarabande,
Quelquefois, sur la mare – et qui la voit s’endort –
Une fée apparaît, peignant ses cheveux d’or ! »
« Argent ! Naissent de blancs chevaux
De tes écumes, ô rivière !
Si vieux, et chaque jour nouveaux,
Argent ! Naissent de blancs chevaux »
Un étonnant voyage lyrique dans la féerie
de l’observation et des légendes bretonnes
« Rencontres avec le Petit Peuple » est sans doute une lecture qui changera ma façon de regarder la nature et de l’imaginer. En effet, Stellamaris a su me conduite sur des sentiers gorgés de surprises, à la frontière du rêve et de la réalité les deux mondes semblant s’enlacer et nous emporter, loin de l’ennui, des soucis et du matérialisme de l’univers sociétaire dont l’étroitesse fait fuir le poète.
« Sa chevelure est comme miel…
Est-ce donc une korrigane,
Ce jour, au pied de l’arc-en-ciel ? »
Il s’agit de tout réinventer, à travers la forêt de Huelgoat, près de la Mare aux fées et du Gouffre d’Ahès, le long du Clair Ruisseau ou encore près de la Grotte du Diable, en terre bretonne. Mais Stellamaris est-il seulement un poète dont l’imagination et la plume à l’inspiration admirablement maîtrisée savent nous faire entrer dans le monde de féerie à l’occasion d’une vaste et riche balade ?
Non, le plus étonnant au sein du recueil est le sens d’observation dont fait preuve le poète, et sa capacité à percevoir réellement un autre monde, incrusté et fugitif au sein de Dame Nature. Chaque poème est lui-même accompagné d’une photographie que l’auteur lui-même a réalisée sur le sujet de son inspiration, un « être » que nous ne tardons plus à apercevoir dans l’élément naturel, et gare aux multiples surprises qui nous font nous demander si finalement la forêt ne regorgerait pas de multiples esprits et de légendes figées, d’êtres fossilisés à l’issue de quelque sorcellerie.
« Collines et marais que le ciel bas tutoie
Haute selve enchantée où mon âme se noie,
Que j’aime ce pays magique, plus qu’aucun ;
Car « Réel », « Irréel », là haut, ne font plus qu’un ! »
Les secrets de la forêt semblent s’ouvrir devant le poète qui est tel l’élu devant lequel des visages dans l’eau apparaissent, des rochers livrent leurs personnalités, des troncs d’arbres révèlent un korrigan, une sorcière, la sculpture d’une dryade tenant dans ses bras son enfant… Alors Stellamaris se met à chanter avec un extraordinaire talent pour dépeindre ce qu’il voit, ce qu’il sent avec un nouveau sens s’éveillant, cet enchantement créatif qui s’est révélé à lui, parfois dans les hautes lumières, parfois près des abominables haleines de la cruauté.
L’humour omniprésent ne manque jamais de nous emporter, sous la plume toujours mélodieuse et limpide, et l’émerveillement enfantin de Stellamaris est contagieux, peuplé de noms et de références appartenant aux légendes locales auxquelles il offre un nouveau souffle.
Les rimes et le ton des vers siéent parfaitement à l’univers breton et à l’éclosion d’un monde mi-naïf mi-stupéfiant sous le regard du poète.
« L’on croise les korrigs, chaque soir sur la lande,
Riant, chantant, dansant en longue sarabande,
Quelquefois, sur la mare – et qui la voit s’endort –
Une fée apparaît, peignant ses cheveux d’or ! »
Si l’on sent bien chez Stellamaris l’âme enfantine partant retrouver la lumière et les frissons des contes, l’on ne peut s’empêcher de se prendre d’affection pour l’homme d’expérience qui parfois, discrètement, se confie tout en écrivant à la manière d’un chef d’orchestre ravivant à la fois deux mondes.
Pour finir je dirais que Stellamaris est roi dans la manière de divertir son petit peuple de lecteurs parmi les symphonies variées de sa plume, et dans l’art de réveiller nos yeux d’enfants, même, je le soupçonne fortement, chez les plus incrédules. Qui résisterait par exemple au charme du « chevalier miniature », ce petit être si finement ciselé par Dame Nature ou par une fée ? (Ma photographie préférée au sein du livre, incroyable!) Qui ne s’éprendrait de la façon nouvelle dont l’auteur nous rend vivante et foisonnante la nature ?
« Argent ! Naissent de blancs chevaux
De tes écumes, ô rivière !
Si vieux, et chaque jour nouveaux,
Argent ! Naissent de blancs chevaux »
Mes félicitations pour cette critique très belle et très méritée. Je possède le recueil de Michel et je m’en suis régalée aussi !
RépondreSupprimerBien amicalement.
Annie
Bravo Marine pour la belle critique, et félicitations à Michel! (Je suis également fan de la magie de ses poèmes.)
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