Mon roman illustré de poèmes, Xura, a été traduit en roumain par Amalia Achard et Ionuţ Caragea, que je remercie chaleureusement. Il va être publié en Roumanie par les éditions Fides, et j'y suis invité ainsi que Annaig Morel et Stephan Butreau, les deux illustrateurs, pour le lancement qui se tiendra le mardi 22 octobre à 17h00 à Oradea en Roumanie.
Je vous joins le discours que je prononcerai à cette occasion, ainsi que les poèmes qui seront lus.
Xura, une histoire d’amitiés
De par sa genèse tout comme de par son contenu, Xura, le roman illustré de poèmes que je vous présente ce soir, est avant tout une histoire d’amitié ; c’est encore plus vrai de la présente édition roumaine, et le présent événement en est un signe !
Si j’ai l’honneur d’être ici présent pour vous présenter ce roman, je serais bien présomptueux de m’en présenter comme l’unique auteur. Tout d’abord car je ne suis pas l’inventeur de l’univers dans lequel il se déroule en majeure partie : il s’agît des Contrées du rêve, de H.P. Lovecraft, immense écrivain états-unien du début du vingtième siècle, méconnu de son vivant, à qui ce livre se veut être un hommage.
Ensuite, parce que je ne suis pas seul en avoir conçu l’histoire. Il s’agît du compte-rendu d’une partie de jeu de rôle ; et chaque joueur, en particulier Annaig et Stephan ici présents, a joué son personnage de manière totalement libre.
Si Annaig n’avait pas été Annaig, ce refrain, qui revient tout au long de l’ouvrage l’illuminer de son espérance, n’aurait pas été là… et Xura aurait-il pu être vaincu ?
De tout événement, aussi funeste soit-il, peut jaillir un plus grand bien ;
et combien plus d’un voyage aux rives de la mort !
Et si Stephan n’avait pas été Stephan, nous n’aurons jamais entendu ces cris de Kristen, qui donnent toute sa dimension tragique à ce récit…
Mort et malheur de tout temps m’environnent
Car sous les coups périt mon frère aîné ;
Drogue et cancer dedans nos murs moissonnent ;
Si tu meurs, sœur, pourquoi donc suis-je né ?
C’est ainsi que cette histoire a été créée en commun, dans des moments d’amitié intense ; c’est aussi ainsi que sont nées les illustrations, qui sont des notes prises par Annaig et Stephan pendant que nous jouions…
Quand au fait d’illustrer cette histoire de poèmes, c’est une décision personnelle, qui m’est venue tout naturellement. Xura est mon premier et mon seul roman, mais quand je l’ai écrit cela faisait déjà plusieurs années que j’écrivais de la poésie, pour moi c’est le langage naturel pour exprimer les émotions ; cette histoire est tellement forte en émotions diverses, que je ne voyais pas d’autre moyen de les faire ressentir comme elles méritent…
Quand à la présente édition roumaine de Xura, et notre venue ici, c’est aussi une magnifique histoire d’amitié, cette fois-ci par delà les frontières. Depuis qu’en 2018 Ionuţ Caragea m’a fait l’honneur de me demander d’éditer son recueil Mon amour abyssal, traduit en français par Amalia Achard, et qui a reçu le prix François-Victor Hugo de la Société des Poètes Français, ce n’est pas moins de 13 recueils de poèmes ou d’aphorismes d’auteurs roumains que j’ai eu la joie d’éditer, dont une bonne partie traduits par Amalia ; un de ces recueils de poèmes, J’habite la maison aux fenêtres fermées, à même été écrit directement en langue française par Ionuţ Caragea dont je salue la performance, peu d’exercices sont plus difficiles qu’écrire de la poésie dans une autre langue que la sienne…
J’ai ainsi eu la joie de publier une traduction française des deux autres ouvrages présentés ce soir, Mon amour abyssal, de Ionuţ Caragea, et Quand les ombres traversent la rue, de Teodor Dume.
J’ai ainsi appris à connaître et à aimer votre culture si riche ; et même si nous n’avons eu que ces jours-ci la joie de nous rencontrer physiquement, une vraie amitié a pu naître entre nous, qui a poussé Amalia et Ionuţ à s’intéresser à ce que j’écris… Apparemment Xura les a séduit, puisqu’ils m’ont proposé de le traduire et de le faire éditer ici…
Et je dois dire que j’ai été impressionné par leur travail ! Au départ je ne parlais pas un mot de roumain ; néanmoins, j’ai fait l’effort de lire en parallèle la version originale et leur traduction, avec un dictionnaire à portée de la main… et c’est magnifique ! Un immense bravo, et merci ! Et un immense merci aussi à l’éditeur !
Multumesc Amalia, Multumesc Ionuţ , Multumesc Dumitru, Multumesc Stephan, Multumesc Annaig !
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Chant du Chaos Rampant
Azathoth tout puissant trône au plus noir des cieux,
C’est au son du flûteau qu’à tout jamais il danse ;
Au gré de sa folie où s’abreuvent mes yeux
Il crée ou bien détruit tout ce qu’il voit ou pense.
Azathoth tout puissant trône au plus noir des cieux,
S’étende son délire aux mondes innombrables !
C’est cela que je veux, moi, Nyarlathotep !
La raison, c’est l’ennui, mille morts ineffables
Valent bien mieux ! Goûtez le vin noir de son cep,
S’étende son délire aux mondes innombrables !
La décence et la paix, voilà mes ennemis,
Eux que chérissent tant les hommes endormis !
Qu’explosent ris et pleurs, sang, guerre et jouissance !
La décence et la paix, voilà mes ennemis !
Éveillez-vous, anciens ! Les hommes sont fourmis
Pour toi, Xura ; il est venu, le temps promis,
Piétine leurs esprits, que le chaos commence,
Éveillez-vous, anciens, les hommes sont fourmis !
Cris de Kristen
Mort et malheur de tout temps m’environnent
Car sous les coups périt mon frère aîné ;
Drogue et cancer dedans nos murs moissonnent ;
Si tu meurs, sœur, pourquoi donc suis-je né ?
Qu’est-ce que rire ? À qui fut donc donné
Ce beau cadeau ? Jamais ici ne sonnent
Ces sons joyeux ! Pourquoi ? Suis-je damné ?
Mort et malheur de tout temps m’environnent.
Devant Papa qui d’alcool déraisonne,
Depuis petit j’ai toujours frissonné ;
J’avais raison, et point je ne pardonne,
Car sous les coups périt mon frère aîné.
La maladie a fauché mon puîné ;
Les mots doux du dealer d’amour résonnent ;
Azilis, c’est un mac qui t’est donné !
Drogue et cancer dedans nos murs moissonnent.
Dans ton sommeil, les cloches carillonnent
Dans un pays de joie illuminé
Et tu nous fuis, tes forces t’abandonnent…
Si tu meurs, sœur, pourquoi donc suis-je né ?
Est-ce l’Éden ? car, j’en suis étonné,
Des signes noirs en mon songe bourdonnent ;
Tu crois revivre ; hélas, halluciné,
Je vois que là, voraces, nous espionnent
Mort et malheur.
Mon Alwena, ma sœur
Mon Alwena, ma sœur, que fais-tu dans ce lit ?
Tu t’agites, gémis, parais même te battre ;
Soudain, ce n’est plus toi ! Le monstre qui t’emplit
Nous dit de te tuer… Comment donc le combattre ?
C’est dans cet hôpital, front blême, teint d’albâtre,
Que je t’ai retrouvée après trois mois, pâli
D’angoisse et de souci… Plus blanche que du plâtre,
Mon Alwena, ma sœur, que fais-tu dans ce lit ?
Dans ton coma, tiens, tu rosis ? Ton teint joli
Reviendrait-il ? Non, tu rougis, et dans nul âtre,
Nul tison ne brûla si fort ! C’est l’hallali !
Tu t’agites, gémis, parais même te battre
Contre un être invisible et pourtant opiniâtre
Qui veut te posséder… Et ta force faiblit,
Je vois très nettement ta volonté décroître…
Soudain, ce n’est plus toi ! Le monstre qui t’emplit
Nous parle à travers toi – noire comme Kali
Est sa voix ! – « Ça suffit ! Ce corps faible me châtre,
M’empêche de passer ! » Et même, sans un pli,
Nous dit de te tuer… Comment donc le combattre ?
Tiens bon ! Nous lutterons contre l’acariâtre
Entité qui te tient et t’appelle à l’oubli
Éternel ! Nous vaincrons, mieux qu’aucun psychiatre,
Tu sortiras plus forte encor de ce conflit,
Mon Alwena, ma sœur !
Chant d’Héléna aux portes de Thran
J’ai parcouru les rives de la mort,
J’ignorais tout du pays onirique ;
Mon Alwena, si funeste est ton sort
Que, par mon rêve, il ne te soit tragique !
Je n’ai jamais commis nul acte épique,
Mais je fus folle et payais le prix fort ;
M’étant fiée aux mots d’une cynique,
J’ai parcouru les rives de la mort
Et j’en revins ! Par un constant effort,
Renaît la Vie ; et qu’elle est fantastique !
Mais, me battant pour gagner ce trésor,
J’ignorais tout du pays onirique
Où tu t’enfuis ; un être maléfique
T’y posséda ; pitié, résiste encor,
Ton cœur, ton sang, nous voici ! Ne panique,
Mon Alwena, si funeste est ton sort,
Rien n’est perdu ! Notre amour, comme l’or
Que ne dissout nul acide, est féerique ;
Sera vaincu ce démon qui te mord ;
Que, par mon rêve, il ne te soit tragique !
L’enfer est doux devant l’être sadique
Qui te dévore et ricane en ténor…
Bravant la peur, voici que je rapplique
Te délivrer ; tu reverras le port :
J’ai parcouru les rives de la mort !
Les larves des dieux
Les larves des dieux hantent, affamées,
Les vains éons de l’espace profond,
Errant sans but, aveugles, désarmées,
Tels des fétus quand rugit un typhon.
J’ai pu les voir et même tel Buffon
Les observer, elles sont des armées,
Des légions, leur nombre me confond !
Les larves des dieux hantent, affamées,
L’immensité des sphères embrumées
De cet abîme ou danse et se morfond
Leur père. Il délaisse ces malaimées,
Les vains éons de l’espace profond
Sont leur prison, sans murs et sans plafond !
Entre la Terre et Séléné, paumées
Étaient nos nefs ; et là, sur ce haut-fond
Erraient sans but, aveugles, désarmées
– Ne sont-ce des bébés ? – ces fils pygmées,
Inachevés de l’atroce bouffon,
Le noir Azathoth ; sans but, animées
Tels des fétus quand rugit un typhon
Elles viennent, vont ; ne les satisfont
Nuls aliments ; quand même des fumées
Ont un souhait – monter – qu’elles parfont,
Elles n’ont plus de but que des camées,
Les larves des dieux !
Wahou bravo ! Si le partenariat tient toujours je suis partant pour un exemplaire contre une retour de lecture. J'ai hâte de lire et voir cet ouvrage !
RépondreSupprimerAvec plaisir, merci ! Toujours à la même adresse ? Avec toute mon amitié.
SupprimerBonjour, rien que d'avoir lu ces exemples je suis emballée
RépondreSupprimerje le prendrai bien sûr bientôt
amicalement bises