Marine Rose nous offre une critique littéraire de Je suis né sur Google, l'avant-dernier recueil de Ionuţ Caragea. Merci de tout coeur !
J’ai pu découvrir « Je suis né sur Google », le recueil de Ionuţ Caragea, avant sa publication et j’ai eu l’honneur d’écrire sa préface.
J’ai reçu ensuite le livre « en chair et en os » et j’ai pu le relire.
Et je dois dire qu’il m’a semblé le découvrir à nouveau, le sens et la
tendresse qu’il contient se sont enfouis encore plus profondément sous
mes yeux de lectrice.
Ionuţ Caragea a réussi un exploit qui devient
rare aujourd’hui : éclore en tant que poète, non seulement sur les
pages de ses poèmes sincères mais aussi sur la toile internationale. Des
critiques et experts littéraires de différentes nationalités ayant
reconnu les fruits de son travail comme ceux de la véritable poésie. Ses
livres ont été publiés dans plusieurs pays et les lecteurs qui le
suivent sont nombreux, d’abord roumains comme l’auteur, puis américains,
canadiens… Ionuţ Caragea fait cheminer à présent sa poésie en France,
avec plusieurs publications récentes aux éditions Stellamaris et déjà le
prix littéraire François-Victor Hugo pour « Mon Amour abyssal ».
« Je suis né sur Google » : un titre qui m’évoque la délivrance d’un
rêve d’enfant, devenir poète, et aussi la distance salvatrice que le
poète prend par rapport à lui-même et par rapport au monde.
Ionuţ Caragea écrit sans masque, il se livre comme un homme et comme un dieu
des mots, créant son propre univers au plus près de la vérité qu’il
cherche à faire jaillir, simplement en écoutant
« son cœur énorme comme une patrie
battant dans la poitrine d’un enfant »
Ionuţ Caragea ne voile pas sa mélancolie, il trace les empreintes d’un
passage souvent douloureux de l’illusion à l’immortalité, un chemin
teinté de détachement et de nostalgie mais aussi comblé de fleurs
merveilleuses de la conscience et de la recherche mystique, amoureuse,
universelle. Il est l’enfant plein d’amour et l’homme éclairé dont les
tourments sont aussi le miroir des déséquilibres et obscurités du monde.
« Nous vivons dans un monde de banales merveilles
où le mal devient la plus précieuse des croyances
alors tu t’étonnes que je crie ?
Reveille-toi, mon enfant,
je t’offre une nouvelle âme façonnée par mon cœur
non encore éteint par les alizés de la nostalgie !
Je t’attends devant la statue qui pleure son espoir
dans la fontaine de désirs,
ce n’est que là-bas
que les gens ne portent pas de masques,
un millier d’yeux figés
dans mille et une nuits.
Je prie pour qu’il pleuve sur la planète bleue
que nos graines germent
assoiffées d’amour. »
Je vous propose de vous laisser toucher par ses mots qui ne trichent pas, par sa sensibilité faisant l’effet d’une infusion dans la vôtre, qui donne envie de se reconnecter à la dimension fraternelle et pure de l’amour, de changer peu à peu le monde, à commencer par soi-même.
Voici la préface que j’ai écrit pour ce recueil :
Le vertige de l’Éclaireur
Le poète a grimpé les roches hautes de l’inconnu, de l’invisible, de
la transcendance ; par sa sensibilité conjointe à la magie et au
pouvoir du verbe, il a été élevé vers les falaises d’où l’on
contemple l’abîme du monde, et l’abysse d’une ombre que l’on porte en
soi. Sur ces roches abruptes dansent les flammes de la recherche et de
l’inspiration, auxquelles Ionuţ Caragea s’accroche jusqu’à la
brûlure, tandis que son cœur est partagé entre haut et bas. Il lui est
arrivé, il semble, un vertige du néant, une sensation dans le ventre,
tel un douloureux enfantement : sa poésie devait naître, encore et
encore, pour tendre une main, une vision secourable à tout homme et à
toute femme à travers lui-même. Il fait tomber des fleurs du seul fait
de son souffle conscient dans ces ténèbres contemporaines qui nous
entourent, il glisse des pétales d’espoir, avec tendresse ou
mélancolie, rêvant d’immortalité, déjouant les idoles et les
illusions de la mort.
Avec nous, il tisse un parcours où il se
fait éclaireur, avec ses propres aveux, premiers pas vers la confession
mystique universelle, le repentir de la psyché qui amène à la
résurrection, la désillusion qui prépare à la révélation qui
semble attendue lorsque l’homme se déverse sur le papier. Lorsqu’il
écrit, il se sent aussi dans la main de Dieu et sous sous regard
témoin, qui recueille ses mots telles des graines dans son jardin
omnipotent. Ionuţ rêve de beauté quotidienne, de sublimation, de
graver les traces sacrées de son unicité. Il est l’Enfant de lumière
retrouvé en même temps que l’homme dont les expériences et la
société ont façonné les blessures, aiguillons de la quête. En
révélant les ombres du monde il fait jouer la lumière qu’il porte en
lui-même ; dans sa poésie je vois souvent une lecture de la réalité,
une lecture salvatrice qui lui donne la force et la direction de
l’Avenir, de l’oasis de vérité qui l’attend toujours plus, et dont il
abreuvera aussi ses semblables.
Marine Rose
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire