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vendredi 3 juin 2016

Critique des Étendues Désertes

Nicolas Wallart, auteur du Tissu écarlate, de Mon frère vient parfois manger à table, le visage entièrement bandé de velpeau et de Milieu ouvert suivi de Les jeunes hommes, nous offre une critique littéraire des Étendues désertes, de Saint-Huitre

Les étendues désertes

Dans Les étendues désertes, la carte que déroule pour nous Saint Huître est moins vaste que celle de Tendre. La situation du lac du vide y est centrale. L’auteur nous explique en vers comment on y pénètre jusqu’à s’y enfoncer en flairant presque l’écume. Ici, il vaut mieux avoir son brevet de natation. Etapes techniques et intimes de cette immersion durant laquelle plus aucun cri ne porte nous sont rapportées. S’il y a ceux qui plongent et ceux qui dérivent, tous cherchent à ne pas couler tout à fait. Ce lac est dans l’air, autour de nous !

          « Il n’y a pas d’air là-dessous, mais là-haut on trépigne
          Les moins dépourvus et les plus solides s’empressent
          Les autres s’efforcent tant bien que mal de rester dignes. »

Passé cette épreuve de natation instructive et non achevée, viennent les nouvelles, les récits que contient cet ouvrage intitulé Les étendues désertes. Là, on prend sa bagnole, généralement seul ; on prend son ticket d’autoroute, style voyageur, représentant et placier. On représente une humanité d’aujourd’hui qui ne manque pas de réflexion. Ici, on s’adresse à une ex aussi présente autour de la table que ne le serait une personne physique.

Aucun écrit ne m’avait fait rire comme la courte nouvelle de ce recueil intitulée Fitness ! Hilarant et profond à la fois. Se retrouver dans une chambre d’hôtel identique aux autres, face à des exercices de fitness retransmis à la télévision, et exercer une forme de vengeance…

Jus d’orange, cafetière électrique… les objets côtoient les pensées les plus fines, dans un style moderne et maîtrisé.

Dans cette nouvelle intitulée La monnaie de la pièce, Saint Huître se montrerait presque aussi démesuré que Charles Bukowski dans le texte qui clôt les Contes de la folie ordinaire !

Je conseille la lecture de ce livre qui s’achève en incantation :

          Et elle écorche sa vertu
          Dans des éclats de verre
          Marie-Claire a-t-elle bu
          Plus qu’un unique verre ?
          Facétieuse Marie-Claire
          Tu souris la belle aux animaux de passage
          Est-ce bien sage ?

Nicolas Wallart

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