Erick Gauthier, auteur à ce jour de douze ouvrages très divers, dont neuf publiés aux Éditions Stellamaris (Tant des romans que des recueils de poésie libérée), nous offre cette critique littéraire de l'Encyclopédie de la poésie classique française - Tome 1, le sonnet et ses dérivés, de Flormed
Encyclopédie de la poésie classique française
Tome 1 - Le sonnet et ses dérivés
L'« Encyclopédie de la poésie classique française »
de Mohammed Zeid et/ou Flormed (les deux noms apparaissent sur la
couverture1),
livre à la couverture admirable de beauté suggestive, d'intensité,
de calme, de volupté qui invite le lecteur à entrer dans les
méandres de cet ouvrage, est avant tout une initiative à saluer.
Ouvrage de grande qualité, il est l'œuvre d'un érudit. M. Zeid
maîtrise son sujet à la perfection. Il rend ici hommage au sonnet
de manière élégante. Amoureuse pourrions-nous dire. Il le sent, le
ressent. Le poète vit le sonnet. Et nous ne pouvons que nous réjouir
de voir apparaître d'autres tomes, puisqu'il s'agit là du tome
premier au vu des indications notées sous le titre (« Tome 1 :
Le sonnet et ses dérivés »).
L'ouvrage se veut être une « encyclopédie » du sonnet.
Titre effectivement justifié car l'auteur tente avec respect de
faire le tour, d'embrasser le cercle entier (enkyklios)2
de cette forme d'écrit, reine en poésie depuis plusieurs
siècles. La table des matières est là pour en attester. On
reprochera cependant la bibliographie, qui d'ailleurs ne répond pas
aux normes d'écriture en vigueur, trop succincte mais aussi
imprécise (auteurs ?, éditeurs?). Il manque, de plus, de
grands ouvrages de référence3.
Ouvrages effacés au profit des références à Wikipédia ou
autres...
Reproche pourra également être adressé à cet ouvrage quant au manque d'historique. Le lecteur, avide et gourmand, souhaiterait en apprendre bien davantage sur l'historique du sonnet, en France certes mais aussi en Europe. Le sonnet a une longue histoire, tourmentée et riche en événements.
Cependant, écrire sur le sonnet, ce grand maître de la poésie, est
une heureuse idée même si pléthore d'ouvrages et/articles existe
sur le sujet. Le lecteur pourra alors se familiariser avec délice à
l'art et la manière ancienne et classique d'écrire de la poésie.
L'auteur passe en revue les nombreux et différents types de sonnets.
Chacun des types évoqués (et ils sont nombreux !) est
brièvement expliqué de façon claire et concise, et accompagné
d'exemples pour l'illustrer. Ce faisant, les explications données
demeurent compréhensibles à tous.
À ce propos, même si l'auteur le signale en page cinq : « Encyclopédie […] illustrée d'exemples des classiques, de l'auteur4 et de l'éditeur », le lecteur ne restera pas insensible à la sélection des sonnets. En effet, subjective à l'évidence, cette sélection fait la grande part aux textes écrits par l'auteur. Sur un total de 145 sonnets rassemblés dans l'ouvrage, 80 sont signés de la plume de l'auteur. Un seul est de V. Hugo, un de W. Shakespeare, deux de Cl. Marot, deux de Rimbaud, trois de Verlaine, quatre de Baudelaire. Pour exemple, sur le sonnet dit « irrationnel », créé par le groupe OULIPO, aux membres très productifs, on ne trouvera aucun sonnet écrit par un poète appartenant à cette instance mais deux textes de l'auteur. Ce choix n'enlève rien à la qualité des textes retenus mais passe trop sous silence des poètes (méconnus ou non !) de qualité qui auraient eu leur place dans ce recueil.
À ce propos, même si l'auteur le signale en page cinq : « Encyclopédie […] illustrée d'exemples des classiques, de l'auteur4 et de l'éditeur », le lecteur ne restera pas insensible à la sélection des sonnets. En effet, subjective à l'évidence, cette sélection fait la grande part aux textes écrits par l'auteur. Sur un total de 145 sonnets rassemblés dans l'ouvrage, 80 sont signés de la plume de l'auteur. Un seul est de V. Hugo, un de W. Shakespeare, deux de Cl. Marot, deux de Rimbaud, trois de Verlaine, quatre de Baudelaire. Pour exemple, sur le sonnet dit « irrationnel », créé par le groupe OULIPO, aux membres très productifs, on ne trouvera aucun sonnet écrit par un poète appartenant à cette instance mais deux textes de l'auteur. Ce choix n'enlève rien à la qualité des textes retenus mais passe trop sous silence des poètes (méconnus ou non !) de qualité qui auraient eu leur place dans ce recueil.
Heureusement, les sonnets rassemblés dans cet ouvrage sont tous,
sans exception, de grande qualité. Flormed compte incontestablement
parmi les grands écrivains de langue française. Aussi, afin de
rendre hommage au poète et plutôt que de tenter l'éloge des vers
de Monsieur Mohammed Zeid, nous préférons oser ce sonnet,
probablement maladroit aux yeux du Maître (que nos excuses soient
acceptées !), dont tous les vers (sauf le dernier, de nous) ont
été empruntés au hasard de notre lecture aux sonnets de l'auteur :
Flormed
Ô toi, dont le parfum me soûle chaque soir (p. 103)
Muse de nuit, ô beau joyau de mon écrin (p. 103)
Pour écrire un sonnet que l'on dit à refrains (p. 90)
Tous feux éteints, on court, on fuit vers son manoir (p. 87)
La nuit vient étaler ses ténèbres pleureuses (p. 138)
Mortelle à voir, avec ses yeux diamantins (p. 58)
C'est un pacte sacré qui deux cœurs lie en un (p. 127)
Sa bougie, en témoin de ses ardeurs fiévreuses (p. 138)
Afin de m'enivrer je prends un fût de rimes (p. 89)
Le vers file en douceur jusqu'à sa frêle rime (p. 70)
Pour que, durant le soir, se déchaîne la plume (p. 55)
Tout se tait, s'engloutit dans le néant immense (p. 147)
Son bel esprit ne connaît point le désarroi (p. 96)
Car sur le sonnet, Messieurs, Flormed règne en roi.
En résumé, cet ouvrage est, sans conteste, un recueil de qualité
qui nous éclaire, nous lecteurs, sur ce « moyen d'expression
aux capacités quasiment illimitées » qu'est le sonnet. Aussi
ce livre se devrait-il de se trouver dans toutes les bibliothèques
des établissements scolaires mais aussi universitaires tant il
demeure une mine d'informations savamment rédigées avec un souci de
clarté et de rigueur qui honorent l'auteur.
Erick Gauthier
1 Sont-ce
les nom et pseudonyme de deux auteurs ou ceux de la même personne ?
En ce cas, il aurait fallu choisir car il est, de notre point de vue,
inconfortable de citer les deux noms s'agissant de la même
personne. Note de l'éditeur : ce sont bien le nom et le pseudonyme de la même personne.
2 Le
mot « encyclopédie » vient de encyclopœdia,
forme latinisée à la Renaissance de l'expression grecque de
Plutarque ἐγκύκλιος
παιδεία. Le terme enkyklios
prend le sens suivant : qui embrasse un cercle entier. Cette
image du cercle fait ainsi référence à l'idée de couvrir un
domaine dans sa totalité.
3 Auteurs :
Antonelli, Aroui, Bellenger, Darras, Degott, Gendre, Roubaud,
Jasinski, Ughetto, Spiller, Charpentreau, Morier, etc.
4 C'est
nous qui soulignons.
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