mercredi 28 août 2013

Critique littéraire de Solphe, de Erick Gauthier

Damien Desbordes, auteur de La cité des anges et Gemmes, nous offre cette critique littéraire de Solphe, de Erick Gauthier

Solphe

par Erick Gauthier 

La poésie d’Erick Gauthier est avant tout une poésie de la suspension.
– Bamby 

Remerciement
                     Erick Gauthier

Vie, suspends ton vol, que je puisse une heure 
Contempler le bonheur que ma muse bien aimée 
M'a un jour offert. Serrée contre mon cœur, 
Ce joyau de ma vie depuis m'a transformé. 

Vie, ne te hâte pas pour que je puisse encor 
Savourer le bonheur que ma douce bien aimée 
M'a une nuit offert, blottie contre mon corps, 
Ce diamant de ma vie, depuis m'a bouleversé. 

Vie, suspends ton cours que je puisse mes lèvres 
Déposer sur ton front et me mettre à tes pieds 
Pour, une fois de plus, l'amour te témoigner. 

Vie, ralentis ton flot, pour que je puisse encor 
Te couvrir de cadeaux, te parer de joyaux 
Pour, une fois de plus, ma vie te transmettre. 


Solphe ? C'est un petit carnet bleu aux airs de Je ne suis. Un contenant à l'image du contenu : profond. Le tendresse qui s'en écoule essaie de construire, pierre par pierre, une œuvre au parfum d'alchimie.

Solphe ? C'est un travail du cœur. C'est l’œuvre au bleu.

Sous-titré Sonnets corrompus, on pourrait s'attendre à y trouver, en plus des vers, une inévitable part d'ombre. La vérité se situe au-delà.
Sous le regard bienveillant du poète le livre se refuse aux épanchements.
Rien ne transpire qui ne soit sous contrôle.
La plainte y est collective.
La douleur y est phénomène de société.
Le drame y est orchestré.

Avec ses alexandrins coupés au silex, Erick fait un bras d'honneur aux codes de la poésie. Un grand bras d'honneur.

Ses sonnets franchissent la barrière intellect/émotion en laissant une singulière impression de déjà-vu. Ils mettent au pied du mur. Ils sont dotés d'une paix violente qui fait parler l'amour, d'abord l'amour, et puis le reste ensuite (mais le reste n'est que littérature...). Le besoin d'un mot d'ordre ne ressort même pas tant l'amour est présent, entre les lignes et dans les mots.

Dans Solphe, le poète se crée un reflet. La couverture bleutée devient flaque d'eau ; elle renvoie une image qui n'est autre que la sienne propre, déformée-reformée par la poésie. Ainsi sont les sonnets corrompus : flous, imprécis parfois, ils cherchent leur voix, partageant une beauté primaire et une unique certitude, celle de la justice universelle du cœur.

Ce qui était abouti dans Je ne suis trouve une lumière nouvelle dans Solphe. Il y a résurrection, au sens biblique du terme. L'errance d'Erick Gauthier devient une évidence, sa passion pour les fleurs également, puis sa recherche d'un absolu, sa nostalgie enfin.

C'est ici que l'auteur révèle sa vocation de héraut. Il se fait rendeur d'hommages. Baudelaire, Lamartine, Pétrarque, etc, moult grands noms voient leurs vers pastichés – on en vient à se demander si Solphe ne serait pas, en fin de compte, une sorte de carnets d'hommages.

De la richesse des références naît enfin la connivence. Deux quatrains, deux tercets, il n'en faut pas beaucoup plus pour faire du lecteur un complice.

Comme partout où la magie passe, le jeu n'est pas exclu. Par-delà la sensibilité de Solphe, au détour de ses chaudes images, on a parfois l'impression de tenir entre les mains une carte aux trésor. Suivre la piste est d'autant plus prenant que rien n'indique qu'il y en a une. Le trésor, s'il en est un, se terre dans les méandres de l'esprit de l'auteur.

Alors où mène la carte qu'il nous donne ? Vers quelle aube cachée les mots nous dirigent-ils ? Infiniment loin et sur le pas de notre porte. On y trouve des Phph, des Forêts de symboles, des Hommages et des Ivresses qui n'ont pas fini de distiller leurs secrets.
Damien DESBORDES


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