Critique littéraire du "Livre des saisons", de Khris Anthelme

Annie Poirier, auteur de "À l'ancre des saisons", nous offre cette critique littéraire du "Livre des saisons", de Khris Anthelme

Le livre des saisons

Ainsi qu'un Vivaldi et ses quatre saisons, Khris a conduit ses mots comme un vrai chef d'orchestre, non pas d'une baguette mais d'une habile plume, les couchant sur la page pour en faire un cadeau à son épouse, à l'occasion de leur anniversaire de mariage.

« Ce n'était hier, t'en souviens-tu ma tendre ? » demande le poète quand remontant le temps, lui rappelle en douceur la première saison de leur si grand amour. Et nous l'imaginons protégeant le beau fruit lorsque l'été venu fit naître une famille...

          « Me voir sur ton cœur, tes frissons ausculter,

          Frôler ton sommet, ouïr ce qu'il engendre,

          Écouter ce fruit, notre chair palpiter,

          Rompu de l'attendre. »

Chaque page est une offre à revivre les joies mais aussi les soucis et les craintes quand arrive l'automne :

          « Comprends mes pensers: Si tu me fais défaut

          Je ne serais plus qu'une âme qui marmonne,... »

Mais croyant « néanmoins que l'âme est éternelle... » il rassure sa douce faisant appel à sa sagesse face à leur crépuscule :

          « Oui, sèche ce pleur, car notre âme est tenace... »

          « Nous avons encor tant de soirs pour apprendre... »

Toujours avec tendresse, il l'invite à nouveau sur le seuil d'un hiver à continuer d'aimer tout comme en un printemps :

          « Viens, notre appétit fera notre dîner ».

La chute est délicieuse quand tombe « la dentelle » d'un couple dont « l'oreiller » souffle encore les bougies d'un grand anniversaire...

Ce « Livre des saisons », dévoile avec pudeur toute une vie de couple dont chaque mot, chaque phrase, sont les solides maillons d'un sublime poème.

Je conseille ce recueil à tout lecteur amoureux de belle poésie ainsi qu'aux couples désireux de partager ce même bonheur. En tant que femme combien j'aurais aimé recevoir un tel présent !

Annie Poirier