Antoine Gosztola, auteur des "Vicissitudes de l'être", nous offre cette critique littéraire de "Instants secrets", de Martine Maillard
Instants secrets
Lire Martine Maillard, c'est avant tout une promenade. Une promenade dans la France profonde, rurale, endormie, à la manière d'un Depardon « shootant » de ses clichés chacun de ses petits moments que nous offre ces endroits. Instants Secrets de Maillard nous emporte dans ces univers vétustes, dont le charme n'est pas à rappeler, au travers de ses mots. Des mots simples, légers, car dans tout le recueil perce une légèreté.
Lire Martine Maillard, c'est avant tout une promenade. Une promenade dans la France profonde, rurale, endormie, à la manière d'un Depardon « shootant » de ses clichés chacun de ses petits moments que nous offre ces endroits. Instants Secrets de Maillard nous emporte dans ces univers vétustes, dont le charme n'est pas à rappeler, au travers de ses mots. Des mots simples, légers, car dans tout le recueil perce une légèreté.
C'est la légèreté de ces instants, palpables, articulés autour des saisons, de la nature ou d'éléments biologiques.
L'auteur attire ainsi notre regard sur toutes ces petites choses que nous voyons sans les voir, chaque jour de notre quotidien.
Elle délaisse ainsi, de façon singulière, le monde des Hommes, ces êtres un peu trop pragmatiques pour être assez sensibles à ces merveilles, pour graviter dans ce qu'il reste de naturel dans notre monde, photos à l'appui.
Décomposé en trois parties, le recueil s'ouvre sur les Moments de rêves de l'auteur, rencontres de voyages, instantanés retranscrits au sein du prisme de la langue pour en sortir magnifiés. L'alexandrin et l'octosyllabe s'unissent et se délient au gré des vers, les sonnets s'enchaînent, la poésie est parfois rimée ou non dans ce chapitre, le plus vaste du livre.
L'ambiance navigue entre la nostalgie, la beauté de l'instant présent d'où perce un calme absolu. Décomposée autour des quatre saisons, tel un cycle voué à se reproduire encore et encore, ce premier pas dans l'univers de Martine Maillard est celui d'une sagesse non feinte, de la femme qui a vu la vie, qui délaisse le lourd et l'ennuyeux dans sa quête de la pureté.
S'ensuivent les instants de Récréations où l'auteur cède à une certaine facilité dans l'écriture, ce qui permet également au lecteur de faire une transition avec la suite du recueil.
Dans cette partie, Maillard s'amuse avec les mots, les décompose, transite les sonorités, tel un artisan, un forgeron frappant de sa masse le fer encore chaud pour le modeler, le malaxer.
Dans Dédicaces, Maillard rend hommage, sous la forme d'acrostiches notamment, à un panel de personnalités ( parmi lesquels nous retrouvons le compositeur Arthur Honegger, Florence Aubenas, des proches de l'auteur et ... Harry Potter ! ) ou de lieux, d'objets déclinés sous forme de prosopopées.
Enfin, le recueil se clôt sur une série de haïkus, petits poèmes d'origine japonaise déclinés sous leur forme traditionnelles en trois vers de cinq, sept et cinq pieds respectivement.
Martine Maillard nous narre successivement un merle, une cheminée, un escargot ... Dans un total respect des adages de Matsuo Bashô et Kobayashi Issa. Le haïku ne doit pas décrire, mais évoquer, ce que Maillard applique à merveille.
C'est d'ailleurs peut-être dans cette partie que l'auteur trouve la forme d'expression qui lui correspond le mieux. S'inspirant de ces petits détails nous semblant parfois insignifiants (qui remarquerait le tracé d'un tracteur dans un champs de blé?), elle les magnifie en autant de ces poèmes courts, distribués avec la méticulosité d'un orfèvre.
Refermer Instants Secrets, à la fin du voyage proposé par la lecture, revient à se replonger dans le monde des hommes, ce monde qui nous entoure, froid, gris, ensuqué.
Nous reprenons connaissance, retrouvons nos problèmes, nos petites tracasseries. A-t-on payé la facture d'électricité? Faudra-t-il faire les courses demain?
Cependant, lorsque résonnera, au-dehors, le champs du rossignol, ou lorsque perceront, au travers d'un lourd nuage, les premiers rayons de printemps, il est certain que nous y prêterons une attention toute particulière, nous remémorant les précieux mots que nous a distillé Martine Maillard au sujet de ces petites choses qui, ayant appris à les capter, nous rendent le quotidien moins morose.
Antoine Gosztola.
Merci de tout coeur de cette critique, Antoine ! Avec toute mon amitié.
RépondreSupprimerCher Antoine,
RépondreSupprimerJ'ai essayé de te mettre un message tout à l'heure sans y réussir : tout a sauté quand j'ai voulu le publier. Après diverses manipulations et mon inscription sur le site, je vais donc réitérer mon essai !
Je te disais que j'étais infiniment touchée par ton travail d'une grande qualité littéraire, et qui traduit une belle compréhension de ce que j'ai voulu transmettre. Je me demandais si je serais capable de faire aussi bien pour la critique dont je me suis moi-même chargée, ajoutant que tu m'avais mise en valeur au-delà même de ce que je pensais mériter...
Je t'en remercie chaleureusement et t'adresse toutes mes amitiés.
Chère Martine,
SupprimerCe fut un plaisir pour moi que d'avoir à réaliser cette critique. J'en suis d'autant plus touché qu'elle vous ait plu.
Amitiés,
AG.
Quoi dire tous ces poèmes viennent de son cœur, elle les vit, les transpire je ne peux te dire seulement continue.Bisous LB
RépondreSupprimerSalut Man,
SupprimerUn texte qui donne envie de lire. C'est gagné. Et en plus, on y croise Miossec et sa facture d'électricité !
A+
CZG
-> CZG :
RépondreSupprimerJe précise qu'il n'est pas question de facture d'électricité dans ma poésie !
*** Merci LB.