Voici une critique littéraire de "Écrire" par Damien Desbordes, auteur de "La cité des Anges"
par Les Apéciens
Atelier de poésie classique. APC. Les Apéciens.
Et voilà donc ce recueil, où un petit cercle de poètes
dévoués au renouveau de leur art ont déposé les fruits de leurs
efforts, mais aussi de leurs errances.
On lit cet ouvrage collectif du début à la fin avec,
cramponné derrière les vers, ce sentiment étrange et voluptueux du
déjà-vu qui se mêle à l'inattendu. Oui, car la toile de fond de
cet ouvrage, c'est bien la poésie classique, celle des plus
illustres poètes et des plus rigoureux aussi.
On aurait put intituler ce recueil Ecrire la poésie
classique car les complaintes et
les éloges le sont à la glorieuse rime et au mot ravissant. Mais,
tout en sobriété et en humilité, avec déjà la touche d'inconnu
que la prosodie recherche, ce titre simple, Écrire
lui convient à merveille.
Il s'agit d'un recueil massif (sept parties) qui cuisine
les mots à toutes les sauces qu'offrent cet art inépuisable :
sonnets, pantouns, muzains, ballades innombrables, rondels, rondeaux,
et beaucoup d'autres encore...
L'écriture est vue tour à tour comme un plaisir, comme
un échappatoire, comme un dialogue avec l'autre et le monde, comme
une passion, comme un casse-tête bien souvent et toujours, toujours
comme une merveille qui se tiendrait juste au-dessus de tout le
reste.
La partie cinq est une véritable leçon de poésie. En
versifiant les règles qui sont les piliers mêmes de leur art, les
auteurs font découvrir leur univers, créant un changement réel
dans la manière qu'on a de traverser un texte. Ils initient. Avec
une remarquable précision et dans une forme délicieuse, les leçons
qu'ils nous donnent en vers et rimes tiennent de la bonté du
magicien qui vous révèle le truc à la fin de ses tours. Ce qui
fait ce recueil, c'est aussi cela : les architectes révèlent
leurs secrets mais l'édifice tiens toujours. La magie demeure.
Les poèmes de cette partie cinq ont un fabuleux
potentiel pédagogique, exploitable aussi bien par des professeurs
que des étudiants ou des curieux.
J'ai toujours aimé la poésie qui ne vise rien de mois
que la lune. Parce qu'ainsi, même si elle échoue, elle arrive au
moins dans les étoiles. Beaucoup des poèmes de ce recueil ne visent
pas aussi haut malheureusement, et c'est là l'inconvénient inhérent
aux bons points déjà cités.
On disserte sur l'écriture, on vénère le culte de la
rime, la toute-puissante et capricieuse muse, on tremble devant une
peur floue mais terrible : celle de perdre sa plume et son
inspiration, on célèbre l'harmonie du fond et de la forme... Un
programme chargé mené à bien avec panache. Cependant, comme j'ai
essayé de l'expliquer, on trouve parfois des poèmes qui se
contentent d'être poèmes, qui ne visent pas toujours cet infini que
la littérature a pour rôle d'approcher.
Ce n'est pas forcément mal ! C'est l'art pour
l'art.
Écrire, ce
sont donc sept écrivains qui mêlent leurs voix et leurs plumes pour
chanter en chœur les louanges de la poésie par la poésie. Ils nous
ouvrent leurs jardins secrets avec beaucoup de tendresse et
d'humilité, ainsi que la conscience paisible que c'est un peu
d'eux-mêmes qu'il déversent dans leurs strophes. Ils s'écoutent
entre eux. Ils se répondent. Ils apprennent. Mais plus que tout le
reste, ils écrivent.
Damien Desbordes
En tant que co-auteur, j'ai été très touché par ce commentaire, Damien, merci de tout coeur ! Toute mon amitié.
RépondreSupprimerUn vrai plaisir. Et félicitations pour le nouvel ouvrage des Apéciens
RépondreSupprimerPour avoir lu "la Nuit des poètes", j'ai pris connaissance de cette présentation avec un vif intérêt, et reconnais que l'enthousiasme qui s'y révèle doit être mérité ! Bravo pour cette belle et attentive étude, Damien. Encore un livre qu'il va me falloir...
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