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lundi 19 avril 2021

Critique littéraire de Errances, d'Amalia Achard

 Vous trouverez ci-joint une critique littéraire de Errances, d'Amalia Achard par Jean de Baulhoo


Errances

Cet ouvrage retrace une vie, du pays de l’enfance, dans les années '70-'80, jusqu’aujourd’hui dans le Sud Ouest de la France. Le pays d'origine est en l’occurrence celui du « génie des Carpates », la Roumanie. Terre que l’auteure et personnage principal quittera pour la France à l’âge adulte. Il semblerait, à priori, que les conditions de vie à l'époque de son jeune âge étaient à peu près équivalentes à ce qu’elles furent chez nous dans les années '60.

À noter également, même si l’ouvrage porte bien son nom « Errances » que l’auteure, régulièrement au cours du récit et plus longuement vers la fin de celui-ci, livre une analyse politique profonde et avisée quant à l’évolution de son pays et plus largement du monde.

À rappeler également, que la Roumanie, avec à sa tête Nicolae Ceaușescu, fils d‘un petit paysan possédant trois hectares de terre, fut visitée par les plus grand chefs d’état, dont Charles de Gaulle, et que son dirigeant était alors considéré en Occident comme une personne à écouter.

Amalia naît dans une famille laborieuse, qui, sans faire partie de la nomenklatura - nous sommes à l’Est avant la chute du mur - ne semble pas particulièrement miséreuse, et puis il y a la famille et le pays de l’enfance, qui, tant qu’il y a un peu d’amour, reste toujours un beau pays.

Quand d’un coup la famille se brise ! Les meurtrissures de l’enfance ne s’effacent jamais, ce sont des sanglots solitaires qu’on traîne une vie durant. Par chance, Amalia a des facilités à apprendre et c’est par celles-ci qu’elle sortira la tête de l’eau à plusieurs reprises.

On apprend, à travers cette narration, qu'en ces temps pas si lointains où les Roumains tentaient de fuir leur pays pour gagner la liberté et l'au-delà de leurs frontières, qu'ils imaginaient paradisiaque, que les jeunes femmes se berçaient de cette illusion qu'en se mariant avec des étrangers, elles auraient la chance de trouver une vie meilleure.

Ainsi, notre protagoniste, sûrement un peu livrée à elle-même, découvre la vie et ses nombreuses épreuves. Plus tard, elle connaît le grand amour duquel naîtra une fille qu’elle serre contre son cœur. Mais qui dit grand amour dit aussi désamour.

Attirée par les lumières, « La France éclaire le monde », Amalia finit par y arriver à la recherche d‘une vie matérielle meilleure et toujours en quête d’un mari. Mais les hommes (et les femmes d’ailleurs) de France valent-ils mieux que les autres ?

Heureusement, elle a appris à travailler dans son jeune âge.

Heureusement, elle n’est pas ignorante de la vie de l’esprit, notamment dans cette forme particulière de musique, de musique des mots, qu’on appelle poésie.

Heureusement, il y a aussi l’écriture salvatrice, en particulier à travers ce présent ouvrage.

Alors si, après avoir lu ce livre, vous envoyez un message à Amalia qui doit se trouver encore du côté de Brive-la-Gaillarde, vous rendrez hommage à son pays d’accueil, qu’elle s’efforce elle-même d’honorer en traduisant de la littérature roumaine dans la langue de Molière et de la littérature française dans la langue d'Emil Cioran, Paul Celan, Tristan Tzara, Eugen Ionesco et tant d'autres Roumains que nous avons généreusement accueilli au fil du temps.

Mais une question reste sans réponse une fois terminée la lecture de ce récit.

Pourquoi le loup (la louve en l’occurrence) est-il sorti du bois, pourquoi toutes ces errances, alors que son terroir lui donnait quand même de quoi vivre dans son corps et dans son esprit ?

Je lui ai posé la question. « Par ignorance, m'a-t-elle répondu. Cette ignorance qui est la source de toutes les erreurs que je suis condamnée à regretter pour la vie.»

Jean de Baulhoo

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